Les évangiles en donnent deux versions différentes, dans Matthieu et dans Luc. La Didaché, manuel catéchétique, liturgique et disciplinaire, datant de la fin du Ier siècle ou du début du IIe, reprend de façon presque identique le texte de Matthieu 6,9; la structure de ce manuel montre, d’autre part, qu’à cette époque la prière du Notre Père était réservée aux seuls membres baptisés de l’Église: c’était alors un privilège de pouvoir réciter la prière enseignée par le Seigneur.

Cette prière qui, pour beaucoup de chrétiens, est «La Prière», n’a pas été donnée spontanément par Jésus, – d’après Luc. Il s’agissait, sans doute, pour les disciples de Jésus qui la lui ont demandée, d’avoir une prière qui serait leur signe distinctif parce qu’elle exprimerait leur lien particulier avec Dieu. Les divers groupes religieux de l’époque, Pharisiens, Esséniens, disciples de Jean-Baptiste, se distinguaient par l’utilisation d’une forme et d’une règle particulière de prière. Cependant de nombreux commentateurs ont remarqué que la formulation du Notre Père n’est pas totalement originale; elle reprend en partie des termes de prières juives: Qaddish, bénédictions, liturgie du Yom Kippour. […]