Les religions ont des confessions, des tendances, avec leurs extrêmes et les États, quand ils sont un tant soit peu démocratiques, ont aussi leurs partis, leurs tendances et leurs extrêmes. Le protestantisme a érigé cette nécessité au rang d’identité et l’on se plaît à penser que lorsque trois protestants sont dans la même pièce, il y a fort à parier qu’il naîtra de leur rencontre trois nouvelles dénominations religieuses. Pourtant, ce pluralisme qui semble bien admis en ce qu’il est constitutif de la création même du mouvement de la Réforme, est traversé sans cesse par la tentation de la pensée unique, comme si l’hérésie, pourtant fondatrice dans le protestantisme, pouvait devenir, comme dans d’autres traditions religieuses, fondées sur une vision du religieux hégémonique, un sujet d’exclusion et de rejet.
Coexistence de la pluralité
Le politique chargé de rendre possible la coexistence de la pluralité au sein d’un même ensemble social rencontre la même difficulté, et notamment actuellement, où les courants populistes tentent de faire admettre qu’il y existerait une entité monolithique qu’on appellerait « le peuple » et qu’à lui seul il détiendrait tous les pouvoirs pour organiser la société selon son vouloir, oubliant la pluralité des volontés qui rend justement nécessaires le droit et l’organisation sociale par des institutions étatiques.
Dans notre État, la question de la laïcité est un bon exemple de « couteau » qui peine à exercer l’art de la coupure. Les principes de la laïcité se présentent souvent comme des lignes de faille qui voudraient séparer ce qui relève du religieux et ce qui relève du politique. Pourtant, les États laïcs n’échappent pas à la difficulté que représente cette coupure. En effet, comment savoir ce qui relève du religieux pour l’autre et ce qui relève du politique ? Le religieux est une forme politique parmi d’autres, dans laquelle des hommes et des femmes s’organisent autour de […]