Dès l’arrivée de la belle saison, c’est la même chose : éternuements à répétition, picotements oculaires, larmoiements, toux ou raclement de gorge, démangeaisons diverses… la saison des allergies revient, elle aussi ! Ces affections ORL sans gravité sont de plus en plus répandues, y compris chez des personnes qui n’avaient manifesté aucun symptôme jusqu’à quelques mois auparavant. En cause, le pollen émis par arbres et plantes au printemps, qui flotte dans l’air et que nous respirons – mais que nous supportons de moins en moins.
On devrait d’ailleurs plutôt parler des pollens, puisqu’il en existe de toutes sortes, les plus allergisants étant ceux des arbres comme les bouleaux, chênes, frênes, oliviers ou noisetiers, des graminées (blé, seigle, avoine…) ou encore d’herbacées comme l’oseille, l’armoise ou le plantain… dont la saison peut s’étaler jusqu’à l’automne.
Les allergies aux pollens, également connues sous le nom de rhinite allergique saisonnière ou plus communément « rhume des foins », arrivent généralement comme les hirondelles, au printemps et affectent un nombre croissant de personnes à travers le monde. En France, elles concernaient environ 10% de la population dans les années 1990. On estime que ce chiffre a plus que triplé aujourd’hui, enfants et adultes confondus. Chez ces derniers, elle est d’ailleurs en augmentation régulière d’une année sur l’autre.
Les causes explosent
Il fallait s’en douter, les changements climatiques et environnementaux affectent notre écosystème, avec des répercussions sur notre santé, dont les allergies sont un bon exemple, du fait de la conjonction de plusieurs phénomènes qui se potentialisent entre eux.
L’augmentation des températures et des niveaux de dioxyde de carbone (CO2) dans l’air prolonge les saisons de pollinisation qui commencent plus tôt et durent plus longtemps qu’il y a quelques décennies. Certaines plantes vont produire davantage de pollens lorsqu’elles sont exposées à des niveaux plus élevés de CO2.
La pollution de l’air que nous respirons constitue un autre facteur aggravant. Les particules fines et polluants en suspension dans l’air urbain irritent les voies respiratoires, les rendant plus sensibles aux agents allergènes. Pire, certaines particules polluantes peuvent se lier aux grains de pollen, augmentant leur capacité à déclencher des réactions allergiques. Pour preuve, on observe que les zones urbaines connaissent des taux de rhinite allergique plus élevés comparativement aux zones rurales.
De plus, l’urbanisation et les changements dans l’aménagement paysager peuvent introduire des plantes allergènes là où elles n’étaient pas traditionnellement présentes.
Enfin, les changements dans nos modes de vie influent également. La proportion plus grande de temps et d’activités passés en intérieur a également modifié notre résistance aux allergènes. Notre système immunitaire, moins habitué aux conditions climatiques extérieures, est plus sensible aux allergies.
Comment se prémunir contre les allergies aux pollens ?
Il apparaît désormais difficile, voire impossible d’éliminer complètement les circonstances d’exposition aux pollens. On essaiera donc d’en limiter autant que faire se peut les effets. Et pour cela, la première habitude de tout allergique est de garder un œil sur les prévisions polliniques – la « météo » des différents pollens. Sites et applis donnent désormais des informations quotidiennes et locales sur les niveaux de pollen. On évite donc de passer trop de temps à l’extérieur lorsqu’ils sont élevés – et encore plus d’y faire du sport !
À la maison, il est préférable d’aérer son habitat tôt le matin ou tard le soir, un bon quart d’heure, et de maintenir le reste du temps les fenêtres fermées – au moins pendant la haute saison des pollens. Passer l’aspirateur régulièrement chez soi et utiliser des housses anti-allergènes pour les oreillers et matelas peuvent également aider à réduire l’exposition aux allergènes domestiques. Car il n’est pas rare que les pollens entrent en concurrence avec les composés organiques volatiles (COV) de nos intérieurs !
Quand on sort, porter des lunettes de soleil assez couvrantes peut permettre de protéger les yeux. Le masque chirurgical jetable, ce nouvel accessoire de notre quotidien post-Covid, est lui aussi l’ami de la protection anti-allergies.
Il est également recommandé de changer de vêtements, de se brosser les cheveux et de se doucher après avoir passé du temps à l’extérieur pour éliminer les pollens accumulés sur soi.
En voiture, on roule avec les vitres fermées, et on vérifie régulièrement le filtre à pollen de l’habitacle.
Mais que fait la médecine ?
Les allergies ne sont pas graves mais elles sont inconfortables au quotidien et prendre son mal en patience en attendant que la saison passe est loin d’être satisfaisant.
L’utilisation de solutions salines, en vente libre en pharmacie et para-pharmacie, est possible, notamment pour rincer les narines et soulager la congestion nasale. Il existe divers traitements médicaux principalement symptomatiques, notamment les antihistaminiques et les corticostéroïdes nasaux, que seul un médecin peut prescrire. Pour les cas plus sévères, et une solution plus durable, un traitement de désensibilisation peut être envisagé, avec le soutien d’un médecin allergologue.
Pour aller plus loin :
- Les applications de surveillance : Pollen+, Alerte Pollen ou Live Pollen
- Le site du Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA-Institut Pasteur) : https://www.pollens.fr/
- La carte des pollens en Ile-de-France : https://www.airparif.fr/index.php/comprendre-la-pollution/carte-des-pollens