En 2022, l’ADEME – agence de la transition écologique a calculé l’impact écologique de la fête de Noël. En France, elle génère l’émission de 6 200 kilotonnes d’équivalent CO2, soit 1% des émissions annuelles, dont plus de la moitié concernent les cadeaux. Pour les fêtes, nous échangerons 300 millions de cadeaux, dont 12 millions ne seront jamais utilisés. Avons-nous encore envie de participer à ce gâchis, qui non seulement pénalise les générations futures mais engage aussi notre responsabilité envers la Création ? Comment transmettre d’autres valeurs sans culpabiliser, mais en inspirant et en engageant nos enfants à s’orienter sur davantage de sens ?
Un sujet à débattre en famille
Si nous souhaitons enseigner la sobriété à nos enfants, il est crucial de montrer l’exemple. Et cela commence par une réflexion sur nos propres choix de consommation. Posons-nous nous-même des limites raisonnables dans nos achats, nos loisirs, ou nos modes de transport ? Ces questions nous titillent parfois encore plus en tant que protestants, surtout si nous voulons éviter de véhiculer une réputation de sérieux proche de l’ascétisme, voire de la pingrerie. Autant dire un repoussoir à tout changement !
Choisir la sobriété ne signifie pas renoncer à tout plaisir, mais chercher à privilégier ce qui est essentiel et respectueux de l’environnement. C’est en montrant à nos enfants qu’on peut faire rimer bonheur avec simplicité que nous les encouragerons le mieux.
Et pourquoi ne pas en faire un défi familial, en revisitant ensemble nos habitudes ?
Car tous les gestes comptent, même les initiatives individuelles, qui peuvent influer de 25 à 50% sur les émissions globales de gaz à effet de serre*. Les trois piliers de sobriété qui reposent sur des gestes individuels concernent, dans l’ordre, le choix d’une alimentation végétale, les modes de transport et notre consommation de biens et services.
Ces leviers peuvent se décliner dans des petits actes quotidiens qui construisent une cohérence entre nos paroles et nos actes : on réduit la consommation de viande – au moins 2 à 3 fois par semaine pour commencer, on achète local ou de saison, on cuisine maison – y compris les gâteaux du goûter, on se déplace davantage à pied ou à vélo, pour les vacances, on privilégie le train plutôt que l’avion, on bannit les achats sur des sites à l’autre bout du monde, on prend des douches plutôt que des bains, on est vigilant quant aux leds ou lumières qui restent allumés (car, oui, définitivement, « C’est pas Versailles, ici ! »).
Redéfinir la valeur de ce que l’on offre
Pour contrer la tendance à l’hyper sollicitation consumériste, entretenue à coups de Black Friday, ventes privées et futures soldes, il est utile de redéfinir la valeur des choses avec nos enfants. L’une d’elles consiste à leur apprendre à prendre conscience de ce qu’ils possèdent déjà et d’être reconnaissants. Faire un tri régulier des jouets ou des vêtements peut être une occasion de discuter de ce qui est vraiment utile ou précieux. On peut aussi les inciter à offrir ce qu’ils n’utilisent plus, ce qui est une mise en action concrète des notions de partage et de générosité.
En ce qui concerne les cadeaux, les expériences immatérielles – comme des sorties culturelles ou des ateliers à faire en famille – peuvent souvent avoir une plus grande valeur émotionnelle qu’un objet matériel. Et pour ce qui est des objets technologiques qui les attirent inévitablement (consoles, téléphone, tablette…), la seconde main devient une valeur de plus en plus sûre.
Sensibiliser à l’impact de nos choix et de nos actions
L’éducation à la sobriété passe par une compréhension des conséquences de nos choix sur l’environnement. Les enfants, dès leur plus jeune âge, peuvent être sensibilisés et associés à des habitudes comme le recyclage, la réduction des déchets, ou encore l’utilisation raisonnée des ressources en eau ou électricité. En leur expliquant pourquoi ces gestes sont importants, on leur donne les clés pour comprendre le monde dans lequel ils grandissent, et y jouer un rôle actif.
Éduquer à la sobriété, c’est aussi encourager la créativité et l’autonomie. En fabriquant eux-mêmes des objets, en cultivant un petit potager (même un plant de tomate ou des aromates) ou en participant à des ateliers de réparation, les enfants développent un sentiment de fierté et d’indépendance. Ces activités leur apprennent également que tout ne s’achète pas et que l’effort personnel a une valeur inestimable. Elles permettent aussi de replacer la relation entre l’humain et la Création au centre des priorités.
En leur transmettant ces valeurs avec bienveillance et en leur montrant que la sobriété peut être synonyme de joie et de plénitude, nous leur donnons une boussole pour naviguer dans un monde complexe.
* Faire sa part ? Pouvoir et responsabilité des individus, des entreprises et de l’Etat face à l’urgence climatique, Dugast et Soyeux, 2019
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