Il y a certains moment de notre existence où on peut avoir la sensation d’être dans une impasse totale, ou d’avoir envie d’abandonner, en se sentant écrasé par la fatalité, l’injustice ou la perte d’espérance.

Nous avons tous vécus de ces moments après un deuil, une séparation, la perte d’un emploi, un échec cuisant, l’annonce d’une mauvaise nouvelle ou d’une maladie qui nous touche ou affecte un proche…

Dans ces périodes, l’accablement, la douleur – physique ou psychologique – et la désespérance nous étreignent. Parfois même, une série d’événements se succèdent, comme autant de coups de poings qui nous laissent un peu plus K.O à chaque fois.

Même quand on a beaucoup d’énergie, voire une foi chevillée à l’âme, il est fréquent de vaciller. Nos avons tous nos jardins de Gethsémani.

Les questions, les doutes et les peurs nous assaillent et nous sentons bien que, même si une issue est possible, elle est loin d’être proche, et encore moins facile. La force nous manque, et nous nous sentons couler.

Dans ces épreuves de vie, les paroles des autres semblent vaines. Tous ces « Courage », « Reste confiant » et « Ça va s’arranger » donneraient presque des envies de meurtre, car les autres ne comprennent pas ce que nous vivons et ne peuvent ni se mettre à notre place, ni alléger notre charge. Il faut bien le reconnaître, dans ces moments nous sommes seuls face à nous-mêmes, avec un sentiment intense de solitude.

Pourtant, il faut continuer à avancer. Mais comment trouver le courage ? Peut-être en commençant par reconnaître que nous sommes parfois faibles ou faillibles, et qu’il faut accepter de traverser parfois de tels moments, et en ressortir.

Lâcher prise ne veut pas dire abandonner, mais constater que les choses sont ainsi faites, sans chercher à lutter contre. Ce serait une énergie gaspillée, dont nous avons besoin pour plus tard.

Dans des moments comme ceux-là, il m’est souvent arrivé de chercher le plus simplement possible à « ouvrir une fenêtre », en créant un moment minuscule de répit, pour goûter un pur instant suspendu :

  • M’asseoir sur des marches et juste regarder les gens passer
  • Me poser dans un parc et observer le soleil entre les feuilles des arbres
  • Entrer dans une pâtisserie et déguster un gâteau aussi beau que bon
  •  Regarder un enfant jouer, me réjouir de sa spontanéité ou de ses rires
  • Écouter le chant d’un oiseau, là dehors
  • Suivre le vol d’un papillon qui s’est posé par hasard
  • Respirer lentement l’air, pour goûter son parfum
  • Contempler un tableau ou un monument comme si je le voyais pour la première fois…

Mais surtout, goûter avec mes cinq sens ce moment qui m’est offert, et qui montre que se réjouir ou apprécier la beauté est toujours possible – et que la vie est présente partout, sous bien des formes.

Dans ces instants, j’ai la sensation d’avoir appuyé sur le bouton pause, un peu comme si la vie était entre parenthèses.

En y repensant après, car forcément les mauvais moments finissent par passer, ce sont ces capsules minuscules qui me restent de ces épreuves, comme autant de petits cailloux colorés sur le chemin parfois chaotique de l’existence.