Si l’on en croit l’ONG Greenpeace, 75% des terres agricoles dans le monde servent à élever du bétail. Une tendance qui accélère la déforestation et amplifie la menace écologique, d’autant plus quand on considère que l’élevage représente 14,5 % des émissions de gaz à effet de serre – soit autant que le secteur du transport.
Que ce soit pour des raisons écologiques, économiques, de santé, par choix philosophique, religieux ou tout simplement par goût, nous sommes de plus en plus nombreux à nous interroger sur notre consommation de viande – et plus largement de produits d’origine animale.
Dans la famille des « attentifs à ce qu’ils mangent », on distingue trois catégories :
– les végétariens qui excluent totalement la viande (y compris la volaille et éventuellement le poisson) de leur alimentation. Ils s’autorisent cependant d’autres produits d’origine animale, comme les produits laitiers ou les œufs.
– les végétaliens (ou vegans) qui ne consomment aucun produit d’origine animal, que celui-ci ait été tué ou exploité pour notre consommation. Cela recouvre tous les produits laitiers, les œufs, le miel et tout autre ingrédient ou sous-produit d’origine animale. Outre l’alimentation, le véganisme s’étend généralement à d’autres aspects de la vie, y compris l’habillement (vêtements en cuir, laine, soie…), les produits de beauté (non testés sur les animaux) et tout autre domaine où des produits d’origine animale peuvent être impliqués.
– les flexitariens qui adoptent un régime alimentaire principalement végétarien tout en s’autorisant occasionnellement la consommation de viande ou d’autres produits animaux.
Quel est l’intérêt ?
A ce stade, on peut d’ores et déjà noter que toute modification de notre alimentation vers plus de végétal présente de nombreux avantages :
– sur sa propre santé, en réduisant les risques de maladies cardio-vasculaires. Les fibres des végétaux ont des vertus préventives sur de nombreuses maladies métaboliques ;
– sur la planète, en réduisant l’impact environnemental de l’élevage ;
– sur ses finances, en utilisant des produits moins chers, et qui incitent à cuisiner soi-même plutôt que de recourir à une alimentation industrielle et transformée ;
– sur sa conscience personnelle, en apprenant à manger plus éthique, et dans un plus grand respect du bien-être animal ;
– sur sa curiosité culinaire, en découvrant des recettes plus créatives…
Si les végétariens parviennent désormais relativement bien à maintenir une vie sociale conforme à leurs envies alimentaires, il n’en est pas encore de même pour les vegans. Pour les végétaliens, qui ne consomment que des aliments d’origine végétale, tels que des légumes, des fruits, des céréales, des légumineuses, des noix et des graines, cette exigence peut se transformer en galère au quotidien.
Cuisiner chez soi suppose d’avoir accès facilement à des produits de qualité, voire de substitution, qui ne se trouvent pas forcément au marché ou à l’épicerie du coin. Cela demande également du temps, mais c’est un choix personnel. En revanche, être invité ou aller au restaurant peut se réduire à manger une salade sans âme ou une soupe insipide. Et on ne parle même pas des commentaires des autres convives ou du serveur, et de tous les clichés contre lesquels il faut se battre. Passer une partie du dîner à expliquer qu’un pavé de saumon n’est pas une alternative – pas plus qu’une omelette, peut relever du sacerdoce, face à des amis éberlués qui ne comprennent pas en quoi on maltraite les poules en leur prenant leurs œufs.
C’est typiquement dans ce genre de situations que le flexitarisme présente un intérêt, en permettant de maintenir un mode d’alimentation principalement végétal, mais en adaptant en fonction des endroits où l’on se trouve, sans être obligé de se faire remarquer, ni de se justifier.
Le flexitarisme est-il vraiment éthique ?
Le flexitarisme est cependant critiqué, au motif qu’il ne change pas grand-chose à notre bon vieux régime omnivore, vieux de plusieurs millions d’années. En résumé, il ne ferait aucune différence.
On peut tout de même considérer que, sur le principe du « kaizen » (terme japonais qui signifie « amélioration continue’) , tout changement, aussi petit soit-il, produit déjà des effets. Les flexitariens sont souvent des vegans en transition ou des vegans adaptables. Il est par ailleurs plus facile de convaincre un entourage réticent quand on adopte des positions moins tranchées.
Chaque effort porte ses fruits. Selon Greenpeace, il suffirait de diviser par deux notre consommation de protéines animales pour dégager assez de nourriture pour deux milliards de personnes supplémentaires.
Pour avoir quelques repères, l’ONG recommande :
- un maximum d’environ 16 kg de viande issus de l’élevage écologique par personne et par an (soit environ 300 g par semaine). Pour comparaison, la moyenne par habitant en 2022 en France était de 84 kg.
- 33 kg de lait par personne et par an (soit un peu plus d’un demi-litre de lait par semaine) – à rapprocher des 55 kg actuels.
Alors, comment on fait ?
On peut décider d’être 100% végétarien ou vegan à la maison, mais pas à l’extérieur.
On peut apporter son repas au bureau, plutôt que d’aller au restaurant de l’entreprise.
On choisit soi-même le restaurant lors de la prochaine sortie entre potes, après avoir consulté discrètement la carte. Ou on suggère le restaurant libanais, indien ou italien le plus proche. Ils présentent généralement un large choix de plats à base de légumes.
On cuisine végétarien ou vegan pour ses amis, pour les habituer et les surprendre avec des plats inédits (vous verrez, ils en redemanderont !)
On continue à montrer qu’on est joyeux, en bonne santé et drôle, à l’inverse de l’image que véhiculent les clichés sur les vegans.
Pour aller plus loin :
Livres :
Végétarien, végan ou flexitarien, est-ce bon pour la santé ?, du Dr Edouard Pélissier, Odile Jacob, 2019
Petit à petit, je deviens flexitarien, de Sévérine di Giulio, Kiwi éditions, 2022
Flavour : plus de légumes, plus de saveurs, de Yotam Ottolenghi, , Hachette, 2020
Sites :
– www.flexitarisme.com/ : le premier site historiquement consacré au flexitarisme
– https://cocotte-et-biscotte.fr/ : blog végétarien
– https://www.lesbaluchonsdesissounette.fr/recettes-flexitariennes-cuisine-locale-p1.html : des recettes flexitariennes
– Sites pour trouver un restaurant vegan : https://vegoresto.fr/ ou https://www.happycow.net/ (en anglais)