C’est en décembre 2018 que Michelle Obama devait se rendre à Paris, à l’occasion de la tournée de promotion de son autobiographie « Devenir », un livre qui s’est déjà écoulé à près de 10 millions d’exemplaires dans le monde, mais qui est bien plus que l’histoire de sa vie. Las, la disparition de Georges Bush nous priva de l’ex-Première Dame américaine et il fallut encore attendre quatre mois pour l’entendre dans un Bercy comble – c’était ce 16 avril.

Si la salle est pleine à craquer, c’est essentiellement de femmes, plutôt jeunes, venues entre amies ou entre mère et fille. Beaucoup d’entre elles sont issues des communautés africaines ou afro-américaines de Paris. Elles piaffent d’impatience à l’idée de rencontrer leur idole !

A l’Arena de Bercy, Michelle Obama fait figure de rock star : avant même son arrivée un clip de présentation est projeté en boucle, retraçant en images les années marquantes de sa vie, seule, avec sa famille ou le président, le tout sur une bande-son percutante, très « girl power » que n’aurait pas renié Aretha Franklin (Beyoncé, Rihanna, Nicki Minaj…). Quelques témoignages s’y ajoutent : Barack Obama bien sûr mais aussi Oprah Winfrey, Jimmy Fallon ou son frère Craig Robinson. Le ton est donné : ce soir c’est Michelle Robinson, jeune femme noire, engagée et déterminée à réussir qui est mise en valeur. Quand elle apparaît, drapée dans un élégant tailleur-pantalon soyeux beige et orange, c’est carrément le délire !

Interviewée pendant une heure trente par Isha Sesay, correspondante de CNN à Los Angeles, elle va livrer impeccablement ses convictions, qui transparaissent dans toutes les étapes de son parcours : de l’écolière à qui des parents aimants transmettent le goût du travail et de l’effort, en passant par l’étudiante noire qui a soif de prouver aux autres qu’elle réussira malgré toutes leurs mauvaises prédictions, jusqu’à l’épouse d’un jeune avocat brillant et pressé et qu’elle va soutenir dans un pari fou, devenir président des États-Unis. De détermination, il est souvent question : à entretenir sa « flamme » (un terme qui revient souvent et qui lui tient à cœur), à réussir en prouvant aux autres qu’ils ont tort de la limiter à la couleur de sa peau, à ne pas décevoir ses parents qui lui ont transmis amour et valeurs humaines. On connaît son attachement à l’éducation – la clef de voûte indispensable à toute réussite selon elle – on découvre aussi l’importance qu’elle donne aux mots « qui comptent » : encouragements, marques de soutien et de confiance envers les enfants en général, et les filles plus particulièrement, comme autant d’indispensables ingrédients à leur succès.

La salle est conquise, et applaudit à tout rompre à chaque plaisanterie qui ponctue un discours clair. Elle ne cache rien des difficultés d’une vie de couple ou de famille à laquelle personne n’est formé. Qui parle aux jeunes femmes des fausses-couches qui brisent le cœur ? Elle évoque ses doutes quand Barack Obama décide de se lancer en politique, un milieu qu’elle considère avec beaucoup de circonspection. Combien de fois, au cours des deux années de primaire des élections présidentielles américaines (« que j’ai fait passer pour un pic-nic géant à nos filles ») a-t-elle secrètement souhaité que son Barack soit éliminé, pour qu’ils puissent tous reprendre leur vie de famille en toute tranquillité… Mais une fois la responsabilité endossée, elle l’a parfaitement assumée, répétant inlassablement à leurs deux filles, dont l’enfance atypique s’épanouit dans le cadre idyllique de la Maison Blanche : « Vous n’êtes pas le président. Allez à l’école, rangez vos chambres et faites vos devoirs… ».
Une mère, aussi et d’abord, et qui préserve une certaine part d’enfance à ses filles, autorisées une seule fois en huit ans à participer à un dîner officiel.

Arrive forcément la question qui brûle toutes les lèvres : a-t-elle des ambitions présidentielles pour elle-même ? Là dessus, elle est à nouveau très claire, comme elle a déjà pu l’être dans certains médias : place aux jeunes ! Elle reconnaît que la politique est un milieu difficile pour elle, et qu’elle préfère poursuivre son engagement sur le terrain, auprès d’associations, en profitant de la notoriété acquise, mais aussi, il faut bien le dire, de son autorité naturelle.
Car il se dégage de cette femme belle, un charisme indéniable. Bien sûr, on peut s’amuser parfois des anecdotes, très « american dream ». Pourtant, en partant du milieu social dont elle était issue, rien n’était acquis, et encore moins dans des années pas si éloignées de celles pour la lutte pour les droits civiques.
Ce rôle de mentor, elle l’endosse bien volontiers, s’il permet à d’autres enfants, issus de milieux moins favorisés, d’y croire et de réussir « Mon histoire, c’est la vôtre, martelle-t-elle souvent. On peut devenir ce que l’on veut ». Thank you Michelle !

  • Pour aller plus loin : Devenir, Michelle Obama, Fayard, 2018

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