Avec votre fratrie, vous avez vos parents en partage. Chacun a fait sa vie loin du nid familial – parfois très loin – mais une fois par an au moins, la tradition est de se retrouver tous ensemble chez les parents. Non seulement ça leur fait plaisir, mais les cousins qui se voient trop peu sont ravis de pouvoir renouer pour faire des bêtises ensemble.
Les dérapages à éviter
L’image d’Epinal de la famille française heureuse de se retrouver, c’est dans l’idéal. Parce que les rassemblements en famille, surtout quand on a partagé le quotidien pendant des années, peuvent être l’occasion de ressortir les vieux dossiers, ou les récriminations fraternelles qui se sont cristallisées avec le temps.
Parfois, on ne s’est pas vus depuis Noël, et si la dinde vous a laissé un goût amer, le mieux est quand même de régler ces petits conflits avant de se retrouver sous le toit paternel ou maternel. Pourquoi ne pas aller déjeuner avec votre frère/votre sœur avant le départ, ou lui passer un coup de fil, pour vous expliquer paisiblement et reconnaître qui ses erreurs, qui ses excès ? Proposez un moratoire, ou accordez-vous sur les sujets que vous n’aborderez pas. Et promettez-vous à vous-même que, même si votre belle-sœur vous insupporte par ses réflexions, ou si votre neveu qui est en Seconde – mais a décidé de faire « une année de césure » – vous énerve, vous resterez absolument calme. Un conseil ? Prenez une bonne respiration et récitez mentalement l’alphabet à l’envers, ça aide !
Mais il arrive aussi que Papa et Maman soient divorcés, et que l’épreuve – pardon le bonheur – doive se multiplier par deux. Là, on complique un peu les choses car les affinités avec l’un ou l’autre dépendent beaucoup de la manière dont chaque enfant a vécu la séparation, ou la cohabitation avec le parent qui a eu sa garde. Et si vous êtes vraiment chanceux, vous avez peut-être gagné avec le temps une belle-mère ou un beau-père avec lequel il va falloir aussi composer, quelle que soit l’opinion que vous avec d’elle ou de lui, au risque de vous mettre votre parent biologique à dos. Vous suivez toujours ?
Dans la liste des choses à ne pas faire il y a aussi toutes les réflexions sur la tenue, le comportement ou l’éducation de vos neveux, ou même des animaux présents. Evitez aussi les questions sur le boulot ou les études des uns ou des autres, car c’est précisément le genre de sujets sur lequel vos parents pourraient rebondir et vriller.
Car, parfois, vous allez réaliser qu’avec l’âge (ou l’expérience, au choix) vos parents ont développé des points de vue ou des opinions qui n’étaient pas les leurs – en tout cas pas de manière aussi affirmée – et qui ne sont peut-être pas de votre goût. Inutile d’argumenter. Evitez à votre beau-frère de prendre la balle au bond pour tenter de convaincre vos géniteurs qu’ils ont tort. Changez immédiatement de conversation ou levez vous pour proposer de resservir de la blanquette et interrogez votre nièce sur son dernier spectacle de danse.
Enfin, force est de constater que nos parents vieillissent, et que parfois on est tenté de s’inquiéter ou de pointer leurs comportements déraisonnables, qui pourraient mettre en péril leur sécurité ou leur santé : conduite automobile aléatoire, bricolage sur le toit, ménage intensif, achats mal maîtrisés sur internet, prise d’abonnements divers et variés, confiance facilement accordée à des inconnus… Attention, sujets extrêmement sensibles s’il en est, car eux, dans leur tête ils ont toujours 40 ans, et vous êtes leurs enfants ! Car oui, ils auront toujours figure d’autorité, même si vous étiez amené un jour à prendre soin d’eux. Et oui, vous serez toujours leurs enfants. Cependant, évitez de passer au scanner leurs habitudes, ou la disposition de l’appartement, dans l’idée de leur éviter des déboires futurs. Ils veulent encore décider pour eux et, aussi longtemps qu’ils pourront le faire, ils ont raison.
Alors, on fait quoi ?
A présent qu’on a déblayé le terrain, revenons à notre intention de base : prendre du plaisir à nous rassembler chez nos parents.
Les piliers de ces quelques jours seront incontestablement les repas, véritable liturgie sans laquelle un événement familial ne serait rien.
A ce rôle, votre mère (ou votre belle-mère) est sans doute un chef d’orchestre dont il n’est pas question de discuter la légitimité ni les choix. Les traditions, et les clichés, ont la vie dure, mais considérez dès maintenant que vous serez au mieux un commis de cuisine, au pire un goûteur auto-désigné. Proposez votre aide, sans vous imposer et révisez votre meilleure interprétation pour affirmer que « oui, la sauce de cette blanquette est décidément la meilleure du monde ! ». Chaque louche resservie est un supplément d’amour.
Les jeux sont à remettre à l’honneur. Ils permettent à chacun de libérer l’enfant qui est en lui. C’est le moment de préciser à votre nièce que la balançoire au fond du jardin, c’est la vôtre. Invitez-la à vous défier dans une compétition de niveau international.
Jeux de société ou jeux collectifs dans le jardin ou sur la plage peuvent être érigés en tournois dans lesquels des équipes s’affrontent. On reconstitue les affinités – ou pas. Peu importe le score, l’essentiel est que l’on s’amuse. Détournez à nouveau l’attention dès qu’un joueur veut sérieusement faire recompter les points ou conteste l’arbitrage. Est-ce qu’il ne resterait pas du clafoutis dans le frigo ?
En recherchant vos jeux d’enfant, vous allez pouvoir fouiller au fond du garage ou au grenier. Vos enfants considéreront certainement vos affaires comme des vestiges dignes de la Préhistoire. Mais il est possible que vous y extirpiez quelques petites pépites, au rang desquelles les photos tiennent une place de choix. Cette nageuse au maillot de bain à pois, ce confirmant un peu figé ou cet élève à la coupe bien sage, qui pose les mains appuyées sur un cahier vont faire la joie de vos enfants et de vos neveux. Eh oui, Papa et Maman ont eu 10 ans, des pulls à col roulé et des appareils dentaires !
En poussant un peu vos investigations, vous devriez naturellement tomber sur des photos de vos parents lorsqu’ils étaient jeunes. Une découverte attendrissante pour les petits-enfants, et qui amène souvent de nombreuses questions sur la manière dont ils vivaient. Qui peut croire qu’ils ont survécu à une jeunesse sans téléphone portable ? Enfin, si vous trouvez des photos plus anciennes, sur lesquelles figurent des personnes qu’eux seuls ont connu, posez-leur des questions. Ils adoreront évoquer à nouveau ceux qui sont partis, et leurs souvenirs. Ecrivez au crayon à papier le nom de ces ancêtres au dos des photos, vous serez contents de les retrouver un jour, parce que la mémoire familiale c’est important.
Au moment de se quitter, il est probable que votre père ou votre mère glisse dans votre coffre un sac de nourriture. C’est important pour eux que vous repartiez avec quelque chose qui vient d’eux et c’est une manière de vous témoigner leur affection sans le dire, et au-delà des distances.
Et même si vous passez une partie du trajet de retour à râler sur leurs manies ou à critiquer l’un de vos frères ou sœurs, en prenant votre conjoint à témoin, vous savez très bien au fond de vous que pour rien au monde vous ne manqueriez ces rassemblements en famille.
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