Emilie Morcillo, ambassadrice du prochain salon Share à Paris, et consultante en économie collaborative nous dit tout sur les points forts de ces nouvelles pédagogies.

A chaque rentrée scolaire, j’ai l’impression que mes enfants se réinstallent dans des schémas éducatifs identiques à ceux que j’ai moi-même connus une génération plus tôt, alors même que leur manière de réfléchir – et de chercher – a complètement évolué. Il existe bien sûr des écoles « différentes », pour apprendre « autrement » – comme les établissements Montessori. Mais on a l’impression qu’ils sont réservés à une élite – d’ailleurs ils sont généralement pris d’assaut. Notre façon d’apprendre évolue-t-elle vraiment ?

« Avec la transformation digitale, aujourd’hui tout le monde a accès à la connaissance, y compris les enfants », constate Emilie Morcillo, experte en économie collaborative, « mais avoir accès à la connaissance ne veut pas dire que l’on intègre les informations pour autant. Toutefois, les schémas éducatifs « descendants » montrent aujourd’hui leurs limites : les enfants ne peuvent plus être passifs en classe. Le schéma adulte-sachant/élève-apprenant fonctionne de moins en moins. Cela doit amener à réfléchir à des pédagogies nouvelles, pour que les enfants apprennent autrement ». On sait à quel point la capacité de concentration des enfants et adolescents a diminué, essentiellement du fait de l’hyperstimulation à laquelle la génération des plus jeunes est habituée. Ils décrochent vite et la forme classique d’un cours de 50 minutes, face à un adulte « sachant », leur pose de plus en plus de difficultés. Le temps de concentration moyen d’un élève aujourd’hui est autour de 10 minutes…

Les intéresser pour les impliquer

A l’origine d’un salon consacré à l’économie collaborative et au partage, Emilie Morcillo a rapidement intégré l’éducation dans ces nouveaux schémas. « Il est désormais important que les élèves puissent vivre les choses, et surtout faire les choses. Les pédagogies nouvelles sont participatives : elles placent désormais l’enfant comme un acteur du savoir, et non comme un être qui apprend. Quant au maître, c’est un facilitateur. La relation est plus équilibrée entre l’enseignant et l’élève. Il y a un savoir partagé. Mais n’oublions pas que savoir c’est bien, mais retenir, c’est mieux. Or, on retient mieux en faisant. Cela peut passer par le jeu, ou par l’apprentissage des erreurs. Mobiliser la créativité d’un élève est une garantie de succès ». Cette manière de bousculer les lignes de la transmission n’est pas le seul intérêt : les élèves apprennent aussi mieux en groupe.

Coopérer pour réussir

Des expériences ont été menées dans des classes ou des établissements expérimentaux publics ou privés, comme le collège Clisthène à Bordeaux*. En faisant des groupes hétérogènes, constitués d’élèves de niveaux différents, mais travaillant ensemble sur un même sujet, on réussit à faire progresser tout le groupe. « Dès que l’on décloisonne, on accentue la coopération, remarque Emilie Morcillo. Au départ, on laisse les enfants autonomes dans leurs travaux, mais on constate que ceux qui parviennent à terminer un exercice, ou à trouver la solution à un problème ont naturellement tendance à aider les autres. La coopération remplace la compétition, et même les élèves les plus lents ou les plus timides progressent ». La plupart du temps, ce sont les élèves qui vont mettre en évidence par eux-mêmes les règles, solutions ou connaissances dont ils ont besoin – souvent en partageant ce qu’ils connaissent ou découvrent ensemble. C’est tout l’intérêt d’une pédagogie dite inversée.
Cette volonté de coopération se traduit jusque dans la manière de disposer la classe. Plutôt que d’avoir des bureaux alignés et tournés vers l’enseignant, on constitue des îlots de 4 à 6 élèves organisés en ateliers de coopération. Ces classes sont généralement plus calmes et plus studieuses.

La coopération et la participation sont-elles les futures mamelles de l’école du XXIème siècle ? « Nous vivons une période de transition. Beaucoup d’enseignants se lancent dans ces nouvelles pédagogies sur une classe, un groupe. Les évolutions sont lentes mais certaines. »

Vous pourrez retrouver d’autres expériences à Share Paris du 22 au 24 septembre, le 1er salon de l’économie collaborative et du partage : participer à un repas partagé ou une vente solidaire, collaborer à une librairie éphémère ou à un troc de livres, prendre des cours de codage ou faire un atelier de « boîte à partage », soutenir de jeunes entrepreneurs ou investir dans l’économie sociale et solidaire…

Share Paris – 22, 23, 24 septembre 2017 – Espace Champerret – 6, rue Jean Oestreicher – 75017 Paris – Entrée 6 € (16 ans et plus), 4 € pour les 12-16 ans et gratuite pour les moins de 12 ans.

Pour aller plus loin…
– Le site du collège Clisthène à Bordeaux : http://www.clisthene.org/
– L’école de codage 42, un établissement gratuit sans horaires ni profs : http://www.42.fr/

* Des expériences retracées dans le documentaire « Une idée folle » de Judith Grumbach, diffusé sur le salon vendredi 22 septembre à 17h et dimanche 24 septembre à 15h. Le site du documentaire « Une idée folle » : https://uneideefolle-lefilm.com/

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