Cette démarche vers plus de simplicité répond autant à une transition écologique qu’à une transformation personnelle.

Le blog vous a souvent incité à réduire vos déchets, rendre votre consommation responsable ou fabriquer certains produits vous-même, pour utiliser des matières premières meilleures pour la santé et la planète. Si vous l’avez oublié, je vous renvoie vers quelques thématiques incontournables, à la fin de cet article.
Mais le minimalisme peut devenir un art de vivre. Sans pour autant tomber dans une démarche sectaire, prendre l’habitude d’aller vers « moins mais mieux » peut s’inscrire comme un état d’esprit à rechercher au quotidien. Il nécessite parfois de faire quelques compromis, ou de trancher parmi des informations contradictoires.

Géraldine Rémy est belge. Professeure, elle a expérimenté un certain nombre d’actions minimalistes qu’elle a partagées avec ses élèves, et dont elle a consigné le parcours chaotique dans un livre accessible et surtout décomplexant, « Les secrets de la licorne ». Car notre apprentie-minimaliste ne cache rien des erreurs qu’elle commet, ni des changements qu’elle claironne et qu’elle est contrainte d’abandonner au bout de quelques semaines, voire jours. Certains diktats appliqués à la lettre, et dans un contrôle permanent, ont pu susciter les moqueries de son entourage et l’emmener parfois au bord de la dépression ! Si son livre nous décomplexe, il nous incite aussi à opter pour les (r)évolutions qui nous conviennent.

En France, la grande pionnière du minimalisme est incontestablement Dominique Loreau, dont les ouvrages sont incontournables quand on souhaite une vie plus épurée – et au premier rang desquels se place « L’art de la simplicité ». Elle est sans doute la première à avoir fait comprendre, dès les années 2000, et à un large public, que vivre avec moins permettait de vivre mieux. En allant à l’essentiel, mais aussi en allégeant sa charge mentale, ses activités domestiques et son budget. Un mode de vie gagnant-gagnant-gagnant. Il suffit de réaliser qu’un appartement désencombré nécessite moins de temps de ménage pour en être instantanément convaincu. Et si Dominique Loreau a porté le minimalisme au rang d’art, c’est sans doute parce qu’elle a vécu au Japon.

Tout comme Marie Kondo, dont on ne présente plus « La magie du rangement ». En revanche, ce qui est moins magique, c’est d’y parvenir, sans tomber dans la critique ni les regrets, et avec la rigueur et l’efficacité de notre coach nipponne. Car trier demande du temps malgré tout, jeter déchire le cœur, se séparer d’un objet réveille notre besoin de sécurité (certes, mal placé), vendre nous culpabilise. Cuisiner sain demande d’aimer cela (ça n’est pas donné à tout le monde non plus), d’avoir du temps, voire un peu plus d’argent. Et que dire du fait de fabriquer ses produits/soins par soi-même, quand soudain notre cuisine se transforme en laboratoire de petit chimiste ?

J’en reviens donc à notre auteure belge qui a testé, pour ne pas dire éprouvé, différents choix possibles, jusqu’à retenir ceux qui lui paraissaient pertinents et tenables. Sa réflexion sur son cadre de vie a engagé une reconsidération plus profonde de son rapport à sa propre image et aux diktats sociaux.

Pourquoi consommer procure-t-il du plaisir ? Qu’est-ce qui me fait me sentir belle ? Suis-je tributaire de mes possessions ? Ce que je porte définit-il mon identité ? Dans quoi ai-je envie d’investir mon temps ? Ces questions – et d’autres qui vous sont sans doute plus personnelles – fixent le cadre de ce que vous avez envie de faire, et surtout sans injonctions, ni frustrations. L’objectif n’est pas de tomber dans un cadre coercitif et moralisateur, mais que la simplicité conduise à moins d’efforts, tout en gardant du plaisir.

Et je vous livre quelques-uns de ses conseils, simples et déjà efficaces.

  • Diviser par deux
    Si vous utilisez des produits ménagers, lessives ou détergents – parce que les fabriquer vous-même est trop difficile (vous avez le droit de le penser !) – divisez systématiquement par deux la quantité indiquée, c’est largement suffisant pour que le produit soit efficace. Les fabricants ont toujours des préconisations surévaluées pour nous faire consommer davantage. Certains appliquent aussi cette règle à la pâtisserie, avec le sucre.
  • S’inscrire sur la liste Robinson
    Les stickers stop-pub ne sont pas toujours respectés sur les boites aux lettres. Mais vous pouvez empêcher une partie de ces envois à la source, en demandant à ne plus recevoir tout ce qui est nominatif (à l’exception des courriers officiels, bien entendu !). Il faut toutefois en faire volontairement la démarche, par courrier (!), en écrivant au service dédié à La Poste.
  • Calculer son salaire-horaire
    Quand on mange tous les jours à l’extérieur de chez soi, cela peut devenir un vrai petit budget. Mais quand on le convertit en heures de travail, on comprend encore mieux pourquoi il est sans doute préférable, de temps en temps, de faire son déjeuner soi-même. Une fois que l’on connait son vrai salaire-horaire, on réfléchit à deux fois avant de se jeter sur un énième t-shirt qui représente plusieurs heures de son temps de travail.
  • Refuser les échantillons
    Toutes les enseignes de parfumerie vous proposent de tester d’autres produits. Reconnaissez qu’il est rare de s’en servir réellement, la quantité étant trop ridicule pour se faire une idée. Pour autant, ils s’entassent dans les tiroirs ou se déprécient au fond de boîtes (que l’on a parfois achetées rien que pour cela !). Le geste le plus simple : ne les prenez pas.
  • Fabriquer les produits les plus faciles
    Le déodorant est sans doute le produit de soin le plus facile à fabriquer, pour une efficacité réelle et une nocivité inexistante. Idem pour les produits ménagers « tout-en-un » qui utilisent le vinaigre blanc ou le bicarbonate (et pas forcément en même temps, contrairement à ce que l’on pourrait penser).
  • Bio ou circuit court…ça dépend.
    Ce vaste débat n’est pas si simple à trancher. Entre un ananas bio qui vient de l’autre bout du monde et une pomme de saison, qui a poussé à deux kilomètres de son lieu de consommation, le choix peut être vite fait. Et ceci s’applique pour beaucoup de choses. La lessive « bio » en bouteille est-elle si intéressante quand on peut se contenter de (vrai) savon de Marseille en copeaux ?

 

A relire sur le blog :

10 gestes écologiques au quotidien
Luttons contre le gaspillage alimentaire
Le circuit court nous emballe
10 habitudes pour réduire sa pollution numérique
Vous dépensez trop ? Passez à la méthode Bisou
Jardiner en famille
Ma salle de bain au naturel
Et si on faisait un rangement de printemps ?

 

Retrouvez Géraldine Rémy au micro d’Inspirations positives sur Fréquence protestante.

Bibliographie
– L’art de la simplicité, Dominique Loreau, Flammarion, 2005
– L’art de l’essentiel, Dominique Loreau, Flammarion, 2008
– La magie du rangement, Marie Kondo, First, 2015
– Les secrets de la licorne, Géraldine Rémy, Ker Editions
– Qui veut la peau de la licorne ? Géraldine Rémy, 2019, Ker Editions