C’est une jolie initiative qui mérite d’être mise en avant. Durant l’année scolaire 2019-2020, le musée d’Orsay a travaillé main dans la main avec les lycées des métiers des technologies du design Edouard Branly et Louis Thuillier d’Amiens, près de Lille, afin de proposer une réflexion sur la lecture et le statut du livre dans les œuvres d’art. C’est l’artiste Maylis de Kerangal, auteure de « Réparer les vivants », (Ed. Verticales, 2014) qui a été choisie pour accompagner les 70 élèves tout au long du projet.
La première étape, qui a eu lieu en janvier 2020, s’est déroulée au Musée d’Orsay. Aussi curieux qu’attentifs, les élèves ont fait le déplacement pour observer une dizaine d’œuvres réalisées par des artistes de la période 1848-1914 et commentées par Maylis de Kerangal. Au cœur de cette visite thématique, des questions : Qu’est-ce que lire dans un tableau ? Qui lit, homme, femme, enfant ? Et qu’est-ce que regarder quelqu’un lire ? La journée a été également marquée par une rencontre avec la directrice des éditions du musée d’Orsay afin d’évoquer les métiers de l’édition et les étapes de fabrication d’un livre.

Au travail 

Une fois rentrés à Amiens, les élèves se sont mis au travail. Durant six semaines, ils ont produit des photographies, des dessins et des textes sur ce sujet du livre mis en scène en réfléchissant par exemple à la place qu’occupe le livre dans la vie quotidienne. Quand, où et comment lit-on aujourd’hui ? Quels livres et dans quelle temporalité ? Quel rapport notre société entretient-elle avec les livres ? Un travail artistique qui s’est poursuivi durant l’été.
En septembre 2020, un jury a sélectionné, parmi l’ensemble des photographies réalisées, celles qui seront présentées dans une exposition au musée d’Orsay dont le commissariat est signé Maylis de Kerangal. Selon le musée, la sélection « rend compte de la période si particulière que les élèves ont vécue, entre février et septembre 2020, les mois de confinement, le lien maintenu à distance avec leurs professeurs et avec leurs camarades, le travail de création qui s’est poursuivi, malgré tout. Les photographies exposées constituent une trace de cette année hors du commun au cours de laquelle le livre est tout le temps présent, objet familier dont on partage la lecture, compagnon des longues semaines de solitude, lieu magique dans lequel on puise la force et le rêve. » On attend impatiemment que le musée d’Orsay rouvre ses portes au public pour apprécier par nous-mêmes les résultats.