L’enquête est “approfondie et riche en témoignages” : un récit “incontournable” pour prendre la mesure du drame qui se déroule au Xinjiang, à l’ouest de la Chine, écrit La Croix. Dans son ouvrage Les Ouïghours. Histoire d’un peuple sacrifié (Éd, Tallandier), la journaliste Laurence Defranoux décrypte la persécution mise en place par le régime chinois contre ce peuple turcophone. Et, comme le souligne Le Monde, “l’un des – nombreux – mérites du livre” est de nous rappeler que la tragédie des Ouïghours ne date pas d’hier, même si le sujet ne s’est invité que récemment dans les médias et sur la scène politique. 

Dans les années 1930, Mao Zedong avait promis l’autonomie des peuples minoritaires. Mais lorsqu’il proclame la naissance de la république populaire de Chine, en 1949, c’est le début des politiques agressives et de la répression à leur encontre. Spécialiste de l’Asie, Laurence Defranoux connait son sujet : elle avait déjà signé plusieurs enquêtes, aussi terribles qu’éclairantes sur la question, pour Libération. Dans Les Ouïghours. Histoire d’un peuple sacrifié, elle interroge les meilleurs historiens, linguistes, archéologues, universitaires et journalistes, détaille La Croix. Mais surtout, elle donne la parole à des dizaines d’Ouïghours rescapés des camps dans lesquels les ONG estiment qu’ils sont des millions à avoir été enfermés. 

“Une chance de sauver leur liberté, leur dignité”

La répression a pris un tournant brutal depuis que Xi Jinping, l’actuel dirigeant chinois, est arrivé au pouvoir en 2012. Il n’hésite pas à déclarer, lors de réunions secrètes dont les propos ont fuité, qu’il faut être “sans pitié” au Xinjiang. Aujourd’hui, après les enquêtes journalistiques, des travaux de chercheurs ou universitaires, et des documents officiels des autorités chinoises, plusieurs ONG osent désormais qualifier le drame ouïghour de “génocide”. L’ONU évoque même des crimes contre l’humanité à l’encontre de ce peuple.

L’histoire est remplie de peuples persécutés, déplacés, enfermés, exterminés, mais aucun des oppresseurs n’avait à son service la science la plus avancée du XXIe siècle. Aujourd’hui le parti-État chinois contrôle la descendance des Ouïghours, leurs déplacements, leur travail, leur langue, leurs croyances, leurs rituels, leurs revenus”, note Laurence Defranoux dans son épilogue, selon La Croix. Néanmoins, elle estime qu’il y a “encore une chance de sauver leur liberté, leur dignité et leur civilisation. Mais il y a urgence.”