Dans ses films, Nanni Moretti fustige souvent la société, les individus égocentriques sans aucune notion des responsabilités qui tiennent des propose vides de sens. Le cinéaste interprète souvent le rôle de psychanalyste ce qui lui permet de s’exprimer tout en procédant à son autocritique. L’Eglise catholique n’échappe pas à cet exercice: ainsi dans La messe est finie, qui lui a valu l’ours d’argent à Berlin en 1986, il raconte les tourments d’un prêtre dans une paroisse populaire.

Le titre du film est une locution latine prononcée par le cardinal protodiacre qui se charge de la scander sur le balcon de la basilique Saint-Pierre du Vatican, avant d’annoncer le nom du nouvel élu et qui signifie : « Nous avons un pape ».

Dans Habemus Papam le cinéaste s’en prend au pouvoir sans l’intention de se moquer ni de la religion ni du catholicisme. Il aurait aussi bien pu choisir le monde politique ou financier mais le Vatican représente la scène du pouvoir suprême.

Nanni Moretti et ses scénaristes ont eu une idée toute simple: ils ont imaginé un Pape venant d’être élus par ses pères mais qui ne se sent pas capable de se présenter devant les fidèles au balcon et d’affronter sa charge. Michel Piccoli en est l’interprète remarquable : il insuffle tour à tour à ce personnage des sursauts violents et de profondes brisures. Le film n’a donc que peu de rapport avec la religion et la foi, il s’agit d’une réflexion sur l’angoisse engendrée par les responsabilités. Il dénonce aussi le comportement des personnes assoiffées de pouvoir, capables de toutes les compromissions pour y accéder alors qu’ils sont dépourvus des compétences nécessaires. Avec l’art qui le caractérise, le cinéaste nous divertit tout en attirant notre intention sur des problèmes sérieux voire tragiques. […]