Dans une semaine, précisément du 16 au 27 mai 2023, se déroulera la 76e édition du Festival de Cannes. Cet événement culturel annuel qui célèbre le cinéma international et rassemble cinéastes, acteurs, producteurs, distributeurs et critiques venus du monde entier invite aussi depuis 1974 un Jury œcuménique.

Comme chaque année, en mai, Cannes devient le centre de toutes les attentions et réunis les plus grandes figures du 7ème Art. Projections, marché du film, paillettes, jolies robes et smokings, tapis rouge, soirées festives en tous genres, conférences de presse, scandales ou prises de paroles revendicatives, stars, starlettes, jeunes en devenir… chaque jour de la quinzaine réservera à la fois ses infos habituelles et son lot de surprises.

Depuis plusieurs semaines les infos se distillent progressivement… Président du Jury puis membres invités, présentatrice de la soirée d’ouverture, sélection officielle, palme honorifique, invités parmi les personnalités les plus influentes du monde de la mode, des médias et des affaires… tant de choses, affriolantes ou moins belles, annoncées sous le regard et avec le sourire de Catherine Deneuve sur cette magnifique affiche intemporelle qui offre la possibilité de redire le présent glorieux du cinéma et d’envisager son futur plein de promesses. Un splendide visuel réalisé par Lionel Avignon et Stefan de Vivies à partir d’une photo de Jack Garofalo, prise sur le tournage de La Chamade, un film d’Alain Cavalier avec Catherine Deneuve, Michel Piccoli et Roger van Hool, sorti en 1968.

Foi et cinéma

Mais au cœur de cette grand’messe du cinéma, la spiritualité trouve justement aussi sa place. Sans doute évidemment pas la principale, mais une place qui compte pour toutes celles et ceux qui voient dans cette expression artistique une forme toute particulière de parabole pour notre temps, une forme de langage offert pour permettre une conversation fondamentale entre l’Église et la société, entre la foi et la culture.

C’est tout d’abord par la présence naturelle d’un grand nombre de croyants dans toutes les sphères qu’un tel festival propose. Avec tous ces professionnels, qu’ils soient comédiens, techniciens, journalistes, exploitants, employés mais aussi, plus largement, dans la grand diversité des festivaliers venus observer une lumière projetée sur un écran blanc, dans une salle obscure, qui leurs donne d’expérimenter la « magique » rencontre avec des histoires, chacune à sa façon, miroir de l’existence humaine.

On l’oublie souvent, mais il y a là l’expression première d’une présence chrétienne invisible au cœur de la société qui est fondamentale dans l’expression de ce que la Bible dit du divin… « Car Dieu a tant aimé le monde… ». Cette année, pour la onzième fois, je serai l’une de ces petites lumières qui pourra briller à sa façon, dans mon coin sombre comme dit la chanson. Ce sera, plus concrètement, possiblement dans une salle de presse, les allées d’une salle de projections, dans un entretien avec un collègue journaliste, à la table d’un restaurant entre deux films, mais aussi par les articles que je vous proposerai quotidiennement ici et là, en cherchant, comme à mon habitude, à jeter un regard marqué par qui je suis et ce que je crois sur ce que ce Festival me donnera de voir.

Le Jury œcuménique

Mais cette présence chrétienne à Cannes, comme dans de nombreux Festivals de cinéma, passera par le choix d’un film dans la sélection officielle par un Jury comme les autres et pas tout à fait pareil non plus. Identique, car composé de professionnels, six membres issus de cultures et de pays différents, compétents dans le domaine du cinéma comme journalistes, critiques, théologiens, chercheurs, enseignants…, et fonctionnant comme n’importe quel autre jury en se réunissant à diverses reprises pour analyser, commenter les films et délibérer en toute indépendance. Différent car les critères qui le guident ont quelques spécificités.

Le Jury œcuménique, puisque c’est de lui qu’il s’agit, propose un regard particulier. Il distingue des œuvres aux qualités à la fois artistiques et humaines qui sondent la profondeur de l’âme et la complexité du monde, qui mettent en lumière la justice, la dignité humaine, le respect de l’environnement, la paix, la solidarité, la réconciliation… des valeurs de l’Évangile largement partagées dans toutes les cultures.

Dans ses choix, le Jury œcuménique fait preuve d’une grande ouverture à l’égard des diversités culturelles, sociales ou religieuses. Ils viennent cette année du Malawi, du Venezuela, de Tchéquie, d’Angleterre et deux, tout de même, de notre cher hexagone. Une parité parfaite, trois hommes – trois femmes, trois catholiques – trois protestants… des profils variés, pasteurs, journalistes, prêtre et une artiste cinéphile venant du monde de l’économie.

Ils auront la lourde mais passionnante tâche de venir ajouter un nouveau prix à un palmarès assez prestigieux, depuis 1974, fait de 50 prix et 59 mentions spéciales dans lesquels les plus grands noms du cinéma figurent. De Fassbinder (premier lauréat) à Kore-Heda (en 2022), en passant par Tarkovski, Wenders, Cavalier, Loach, Almodovar, Kaurismäki, Haneke, Iñárritu, Sorrentino, Vintenberg, Farhadi, Moretti, Dolan, Malick ou Kawase. Quel sera le prochain ? Rendez-vous le samedi 27 mai en fin d’après-midi !

Les membres du Jury œcuménique 2023 à Cannes sont…

  • Les membres nommés par INTERFILM (protestant)

Katia Margerie (France)

Diplômée en économie et finance Katia Margerie est actuellement project manager et expert fonctionnel paiements internationaux. Cinéphile et musicienne, elle est membre de Pro-Fil depuis 2002 et anime des séances de cinéma en milieux protestants et œcuméniques. Elle est jurée du Prix de cinéma de l’Auditoire à Paris depuis 8 ans.

Joel Ruml (République tchèque)

Après des études de théologie, Joel Ruml devient pasteur de l’Eglise évangélique des frères, dont il fut président de 2003 à 2015. Il est membre de la commission des droits humains et a participé à plusieurs reprises aux Jurys oecuméniques de Festivals de cinéma (Karlovy Vary, Zlin).

Jane Stranz (Angleterre)

Après des études de théologie, Jane Stranz est ordonnée pasteure dans l’Église réformée unie de Grande Bretagne, avant de rejoindre la France. Elle fut co-secrétaire du Conseil d’Églises chrétiennes en France (CÉCEF). Elle est actuellement pasteure à Courbevoie, membre du conseil d’administration de l’Observatoire Pharos et du Groupe des Dombes. Elle participe au collectif des théologiennes féministes du Groupe Orsay.

  • Les membres nommés par SIGNIS (catholique)

Andrew Kaufa (Malawi) – Président du Jury

Ancien directeur de Luntha Television, Andrew Kaufa y a développé une solide expérience dans la production audiovisuelle et la promotion de réalisateurs de films issus de nombreuses régions d’Afrique. Il est actuellement directeur des communications sociales pour le bureau régional des évêques catholiques d’Afrique orientale. Il a également participé au Festival international de films de Zanzibar (ZIFF) et au Festival international du film de Mashariki.

Néstor Briceño (Vénézuela)

Diplômé en théologie et sciences de l’éducation, le père Néstor Briceño est professeur associé à l’Université Catholique Andrés Bello de Caracas et directeur des études du 3ème cycle à la faculté de théologie. Il a travaillé pour les ministères de la jeunesse, des communications sociales et des médias. Fondateur du Festival de spiritualité du cinéma vénézuélien, il est président de SIGNIS-Venezuela et membre du SIGNIS Cinéma Desk.

Anne-Laure Filhol (France)

Après l’obtention d’une licence en Lettres modernes à Paris-Sorbonne et d’un master de journalisme à Toulouse, Anne-Laure Filhol a travaillé aux quotidiens La Croix, Le Parisien et Le Figaro. Elle a rejoint l’hebdomadaire La Vie en 2013 où elle est aujourd’hui chef de rubrique Arts, spectacles, musique et télévision. Elle participe régulièrement à l’émission culturelle Effervescence sur RCF Radio.

Plus d’infos sur le site du Jury œcuménique

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