Calvin accordait une importance spirituelle à la musique, si elle renonçait aux «fringots et fredons de la Papisterie». Il rêvait d’une musique simple, pouvant être chantée par tous et en tous lieux, du temple à la maison. Ses consignes ne furent pas toujours suivies à la lettre par les musiciens protestants, car le XVIe siècle fut – surtout dans sa seconde moitié – une époque de riche foisonnement musical, qui marqua l’apogée de la polyphonie et son déclin naissant.
En France, dans ce siècle en ébullition, la Réforme calviniste fut représentée par cinq compositeurs, dont on trouve plus facilement aujourd’hui les noms dans les dictionnaires que sur les programmes de concerts.
Leur musique fut très majoritairement vocale ; en l’écoutant, on pense à ce que dira le grand poète de la Réforme, Agrippa d’Aubigné : «Tels vers de peu de grâce à les lire et prononcer en ont beaucoup à être chantés.»
Eustorg de Beaulieu
Né vers 1495 à Beaulieu-sur-Ménoire, dans le Périgord, il fut organiste à Lectoure en 1522, puis à Tulle, et fut ordonné prêtre en 1529. Il se convertit au protestantisme et devint pasteur dans le canton de Vaud. On connaît de lui un recueil intitulé ChrestienneResjouyssance publié en 1546, ainsi que trois chansons profanes. C’était aussi un poète qui laissa six Blasons du corps féminin. Il mourut en 1552 à Bâle où il enseignait la musique.
Loys Bourgeois
Cet ami de Calvin était né à Paris vers 1510, bien que certains avancent la date de 1528. Il vécut seize ans à Genève où il adapta des musiques aux Psaumes de C. Marot et Th. de Bèze. Le Psautier de Genève, publié en 1562, contient 125 mélodies. Sur ce nombre, 85 furent composées par Bourgeois lui-même, les autres l’étant par son disciple «Maître Pierre».
De retour à Paris vers 1558, Bourgeois publia un recueil de 83 psaumes à 4,5 et 6 voix, et une sorte de solfège intitulé Le Droict chemin de Musique (1561).On ignore la date de sa mort.
Claude Goudimel
Il serait né à Besançon, vers 1520. D’autres (Paul Arma: Dictionnaire de musique) le font naître en Avignon! C’est dire si l’on sait peu de choses de sa jeunesse. On suppose qu’il a pu être l’élève de Josquin des Prés.
À partir de 1549, on le trouve à Paris associé à l’éditeur N. du Chemin avec lequel il publie des chansons polyphoniques. Plus tard, on le rencontre à Metz, dans l’entourage du Maréchal de Vieilleville favorable aux protestants, où il fréquente les huguenots et commence à composer sur les psaumes traduits par Clément Marot et Théodore de Bèze. Il envisagera même de les mettre intégralement en musique. Sans doute connaît-il Ronsard, dont il met en musique plusieurs poèmes. […]