Le livre du jésuite Gaël Giraud qui nous est proposé ici est une recherche théologico-politique d’un monde meilleur, que les chrétiens pourraient appeler : « le royaume de Dieu ». Si, dans le prologue du livre, le statut de Gaïa, (la Terre-écosystème comme la présentait l’écologiste anglais James Lovelock), est élevé au niveau de celui d’un interlocuteur pour l’humanité, il ne s’agit pas de refaire la longue liste des ravages de la crise écologique que nous traversons, mais plutôt de chercher ses racines dans la conception qu’on se fait de la propriété privée.
L’auteur fait le constat suivant : « Certains d’entre nous agissent comme si Gaïa pouvait être réduite au statut d’une chose dont quelques-uns auraient la propriété. Nous découvrons que l’esclave est sensible, capable de se révolter et même d’anéantir la plupart des femmes et des hommes d’aujourd’hui et de demain. Notre condition humaine est donc celle qu’imposent quelques-uns parmi nous – blancs, mâles, urbains, cultivés et riches propriétaires pour la plupart, chrétiens pour certains d’entre eux. »
À la lecture de ce constat, on peut se demander comment la théologie chrétienne pourrait infléchir cette politique de mainmise sur le monde vivant, alors même qu’elle a prôné la domination de l’homme sur la terre ; ne sommes-nous pas présentés, dès les premiers mythes de création dans nos textes fondateurs comme les gestionnaires d’une terre qui […]