La thèse de cet ouvrage est tout à fait convaincante. La pratique d’une religion relève d’une forme de jeu, d’entrée volontaire dans une forme de jeu. « Le jeu et la foi dépendent des mêmes ressorts, à savoir une propension à adhérer à un monde invisible, à des règles, à un ordre capable de modifier le rapport de l’homme avec le monde réel ». « Ainsi toute croyance est un jeu dont le croyant est le héros ; elle lui permet de redéfinir son rapport au monde dans une mise en scène qui le valorise ». Ainsi le chrétien s’auto institue comme « enfant de Dieu » et pardonné par sa grâce.
Chez les Grecs et dans les sociétés primitives, les dieux et la religion ont le même statut que le jeu chez les jeunes enfants. En effet ceux-ci, même s’ils savent que « ce n’est pas pour de vrai », habitent néanmoins leur jeu et leur relation avec leurs « amis imaginaires » sans avoir l’impression de faire semblant. Ils peuvent à la fois savoir qu’ils jouent et être tout à fait « sérieux » dans leur jeu.
Mais aujourd’hui, pour ceux qui professent une croyance, la notion de sérieux ne peut se concilier avec celle de jeu. Pour ceux qui la professent, la religion relève du sérieux et non de la fiction. Et pour eux, ces deux notions ne sont pas conciliables, alors qu’elles le sont pour les enfants, les Grecs, les sociétés primitives.
Néanmoins, même encore aujourd’hui, subsistent les signes d’un clivage entre le sujet religieux et le sujet réel. Les mêmes personnes ne tiennent pas le […]