C’est une grande et belle exposition que nous offre le Grand Palais. Nous y baignons dans l’euphorie de la fête perpétuelle, dans le prestige des palais et des églises, dans les représentations prétentieuses et magnifiques de la peinture baroque.

Déjà dans sa spendeur du XVIe siècle, alors que le concile qui travaillait à restaurer l’Église catholique menacée par la Réforme protestante, siégeait à Trente, à peine à 70 km de distance, l’ambiance intellectuelle et spirituelle des grandes familles aristocratiques ou ecclésiastiques de Venise ne s’en ressentait guère et les Titien, Véronese et Tintoret exprimaient plus la joie païenne que la componction religieuse prônée par les Pères du concile.

Cette représentation de la fille du pharaon d’Égypte adoptant le petit Moïse, ne décrit pas tant l’étonnement de voir sauvé un enfant juif précisément par la fille de celui qui les avait tous condamnés à mort que plutôt la grande beauté très affectée d’une belle dame manifestemnt de la haute société vénitienne, dont la compassion se cache sous un sourire pincé et […]