Nous sommes habitués à des statues de marbre blanc ou de bronze qui expriment une certaine noblesse et exigent de nous un effort – inconscient – d’abstraction. Et voici que la coloration des statues, en leur attribuant un réalisme inattendu, les fait, en quelque sorte, pénétrer dans notre espace vital où elles ne sont certainement pas à leur place.
Nous sommes globalement à la fin du XIXe siècle ; c’est la période du symbolisme où l’on aime pénétrer dans un monde imaginaire, dans lequel les personnages représentés vivent une spiritualité étrange et inconnue.
La « Corinthe » de Jean-Léon Gérôme – ci-dessus en exergue – est nue, ce qui est tout à fait traditionnel mais sa pose est celle d’une adolescente détendue et son visage toise par contre le visiteur avec une supériorité princière, accentuée par son extravagant diadème, son collier symbolique de sa haute fonction et son bizarre bracelet de cuir.
Manifestement Gérôme s’est amusé. Il était le prestigieux représentant de l’art officiel lors des expositions universelles, professeur à l’École des Beaux-Arts, grand officier de la Légion d’honneur. Et il se laisser aller ici à une œuvre dont toute la bonne société – qui acceptait déjà difficilement les impressionnistes et leurs vagabondages dans la forêt – se détournait en la considérant affectée et de mauvais goût !
Heureuse époque que celle novatrice du […]