Le cinéma a cette capacité de vous faire vivre des moments magiques. C’est ce que je disais à une autre journaliste, en sortant du théâtre Debussy au Palais des Festival de Cannes, et elle de me répondre : c’est exactement ça ! Nous venions de voir En fanfare, présenté hors compétition dans Cannes Première, réalisé par Emmanuel Courcol.

Date de la première publication de cette critique : 20 mai 2024

Thibaut est un chef d’orchestre de renommée internationale qui parcourt le monde. Lorsqu’il apprend qu’il a été adopté, il découvre l’existence d’un frère, Jimmy, employé de cantine scolaire et qui joue du trombone dans une fanfare du nord de la France. En apparence, tout les sépare, sauf l’amour de la musique. Détectant les capacités musicales exceptionnelles de son frère, Thibaut se donne pour mission de réparer l’injustice du destin. Jimmy se prend alors à rêver d’une autre vie…

Je serai direct : En fanfare est un film qui fait sacrément du bien ! Le genre d’histoire qui, avec le bouche à oreille, peut faire venir du monde en salles. On rit beaucoup, on a aussi la larme à l’œil, on ne s’ennuie jamais, un équilibre quasi parfait ou l’humain est au cœur.

Le destin qui sépare puis qui réunit

Emmanuel Courcot nous raconte une histoire de liens fraternels qui n’existent pas, car les frères ne se connaissent pas, mais qui vont se tisser dans une certaine adversité et parce que la musique va aussi aider. Derrière tout cela une interrogation autour du déterminisme social… des naissances à un même endroit avec des parents identiques, mais deux histoires que le destin sépare, deux itinéraires de vie opposés, et pourtant. Un grand chef d’orchestre découvrant l’existence d’un frère qui joue dans une fanfare dans le nord de la France : un choc culturel, affectif, social et musical.

Et puis oui, il y a la musique évidemment qui est un véritable protagoniste d’En fanfare… ou, du moins, les musiques : classique, populaire, jazz, chanson française et même une petite dose de rap. Et qu’ils sont beaux ces moments musicaux, à voir et à écouter, avec un travail magistral du maestro Michel Petrossian.

Le casting est juste lui aussi parfait et donne à ce récit de fonctionner à merveille. Benjamin Lavernhe évidemment, comme à son habitude, est d’une justesse indéniable, que ce soit la baguette à la main pour diriger l’orchestre, comme dans les moments d’intimité, face à la maladie, et même dans l’ivresse. À ses côtés, son frère, Pierre Lottin, (Les Tuches, La nuit du 12, Notre Dame brule, Lupin, Polar Park, De grâce). Quel magnifique acteur ! Ou encore Sarah Suco, impeccable aussi. Une jolie ribambelle d’acteurs professionnels qui se mélangent avec de vrais musiciens de fanfare (que nous avons d’ailleurs eu aussi l’occasion d ‘entendre sur la scène du Debussy après le générique de fin). On ne fait pas de différence, c’est naturellement le message du film qui se vit là également.