C’est la grande messe de la musique française suivie par des millions de spectateurs en direct tous les ans. Mais qui, chaque année, fait de nombreux déçus. Le show est long, près de trois heures, et est entrecoupé de longues plages publicitaires. Fallait-il en cette période si particulière, marquée par la pandémie, allumer sa télé ?

La cérémonie annuelle est toujours l’occasion de faire connaître de jeunes artistes. En 2021, le grand public, pas toujours averti des nouveautés, a pu faire la connaissance d’Yseult, lauréate de la catégorie « révélation féminine« , dont la prestation a été très remarquée. Découverte lors du télé-crochet La Nouvelle star en 2014, Yseult est le nouveau phénomène de la chanson française et en bouscule les codes. Ce qui la caractérise : une voix en or massif et un mental en acier. Son discours a d’ailleurs marqué la soirée. « Le chemin est long en tant que femme noire, femme grosse, oubliée de la société et de la culture », a-t-elle déclaré. La chanteuse est très engagée contre le racisme et le sexisme et une fervente militante du mouvement body positiv.

Le prix de la révélation masculine de l’année est allé au jeune chanteur breton Hervé, révélé pendant le premier confinement. Dans son premier album Hyper, mélange d’électro et de chanson française, le jeune artiste affiche une grande sensibilité.

Les Victoires permettent aussi de confirmer la légitimité d’artistes en rotation dans nos playlists comme Benjamin Biolay, qui a reçu le prix du meilleur album, avec Grand Prix, après avoir déjà remporté le titre d’artiste masculin.

C’était aussi de l’occasion de faire lumière, le temps d’une soirée, sur le secteur de la musique, lourdement impacté par la pandémie. Certains ont néanmoins été attristés par le manque de paroles politiques. « Ça n’a pas été une année très victorieuse pour la musique », a lâché Biolay au moment de recevoir la cinquième Victoire de sa carrière. Et de critiquer le « silence assourdissant des pouvoirs publics ». Lueur d’espoir peut-être du côté de Pomme, sacrée meilleure artiste féminine. La veille, la jeune chanteuse avait dépeint son « arrivée dans l’industrie de la musique » comme « traumatisante » dans une lettre ouverte publiée par Mediapart. « De mes 15 ans à mes 17 ans, j’ai été manipulée, harcelée moralement et sexuellement, sans en avoir conscience à cette époque, évidemment », a t-elle confié. Lorsque Pomme a reçu son prix, elle a souhaité une « industrie [musicale] plus « safe » [sûre] pour les femmes », en espérant que ces dernières puissent « renverser les codes » du milieu.