L’exposition des œuvres de Fernand Khnopff porte le titre de « maître de l’énigme » et il est vrai que le visiteur non prévenu a de quoi être déconcerté. Ces tableaux qui représentent des scènes en apparence réalistes ont en fait un aspect bizarre et inattendu, déstabilisant. Le visiteur s’immobilise surpris cherchant en vain à comprendre le malaise qu’ils suscitent.
Ainsi que fait cette femme vêtue de noir, debout, immobile dans un champ ? s’approche-t-elle de son interlocutrice ou prend-elle congé ? et pourquoi est-elle dans l’herbe et non sur un chemin ? Le temps semble gris et la lumière est d’aquarium. On est comme dans un rêve improbable.
La rencontre d’Œdipe avec le sphinx (ci-dessus en exergue) frappe d’abord par une improbable immobilité amoureuse. Les deux visages d’Œdipe et du Sphinx accolés joue à joue n’expriment pourtant ni tendresse ni désir. Œdipe regarde au loin, indifférent et peut-être soucieux d’autre chose. La sphinge – elle est bien féminine – est sans doute contente et comblée mais son une expression indique peut-être qu’elle aspire, elle aussi, à autre chose. On pense que le visage de la sphinge est celui de Marguerite, la sœur bien-aimée de […]