Pourquoi ce type de spectacle ?

Françoise Dorier : Les paroisses ne se remplissent pas. J’ai voulu ce spectacle d’abord pour aller vers les gens. Le spectacle contient certes de l’humour, mais est pensé comme une prédication. Il présente l’histoire du Salut : Adam et Ève, la chute, la naissance de Jésus, ce qu’il apporte dans la vie. Il pose aussi des questions sur la vie, la mort. Il dit en quoi l’Évangile est pertinent aujourd’hui. C’est un outil au service de l’Évangile et à la disposition des paroisses pour permettre à chacun d’inviter son voisin plus facilement que pour un culte. Ensuite, les protestants sont vus comme austères. Proposer un spectacle comique est une sorte de contre-pied. L’humour et la joie sont de Dieu. J’ai voulu dire ma foi d’une autre manière, par l’humour. Ma metteuse en scène, Émilie Pfeffer, a aussi été d’un secours énorme. Elle apporte le regard décalé. Elle me dit ce qui fait rire et ce qui ne marche pas. Le but est de pouvoir attirer un public extérieur à l’Église. Elle m’a même soufflé quelques répliques. Un spectacle ne se fait pas seul.

Quelle formation avez-vous suivie ?

J’ai suivi des cours au théâtre Le Bout qui est l’École du one man show en France. Pendant deux ans, cela s’est décliné en cours de technique, d’écriture, de jeu… Émilie était ma professeure d’improvisation. Du contact avec les autres élèves, plus jeunes, j’ai appris leur vie, ce qui les intéresse. Cela m’a permis d’adapter mon spectacle, même si leur humour n’était pas du tout ma tasse de thé. L’humour n’est pas absent de ma personnalité et de ma manière d’être pasteur. D’habitude, je mets des petits sketchs dans mes prédications. Là c’est l’inverse, j’accentue un peu plus : un petit peu de théologie dans de grands sketchs. Les thématiques théologiques sont assez basiques : paradis, enfer…

N’y a-t-il pas un risque avec le public protestant des paroisses ?

Parfois je choque un peu les gens pour les faire réagir. Je prends le risque ; après chacun garde sa liberté de penser et chemine. Dans un des sketchs, je rapproche Jésus d’un extraterrestre. L’idée m’est venue en écoutant les personnes dans un bar : certains croient aux extraterrestres mais pas en Dieu. J’ai voulu présenter les similitudes : il vient d’un autre monde, d’un autre univers. Cependant, il n’est pas inatteignable. Il s’est incarné. Pour moi, la foi est une relation. C’est pour cela que je parle de Jésus comme mon ami dans L’extraterrestre. Dieu est vivant.

Quelles suites envisagez-vous pour votre ministère ?

Pendant ma formation, je suis toujours restée intégrée à une paroisse. En ce moment, je suis à Ermont dans un presbytère vacant. Je prêche une fois par mois et je fais le catéchisme. Je vais retourner en juillet dans une paroisse en Suisse, mon Église d’origine. Je proposerai mon spectacle aux paroisses au rythme d’une à deux fois par mois. Pendant les vacances, je peux aussi imaginer faire des tournées.

« Madame la pasteure », les 5 mai et 2 juin à 17 heures au théâtre Le Bout,

6 rue Frochot, 75009 Paris (M° Pigalle)

 www.lebout.com