L’église a l’air flambant neuve, avec ses murs sombres en basalte, roches issues du volcan Karaca Dağ, à une centaine de kilomètres au sud. Quelques touristes viennent prendre des photos à l’intérieur, où résonnent des chants religieux. Depuis quelques mois, Udi Yervant, chanteur à la retraite, guide les touristes. «C’est comme un pèlerinage pour les Arméniens, décrit-il, c’est un endroit très précieux et important.»
L’église apostolique arménienne Surp Giragos, construite en 1376, est nichée dans le centre historique de Diyarbakır, au sud-est de la Turquie, aujourd’hui majoritairement habité par des Kurdes. L’enchaînement de constructions et de reconstructions qu’elle a subi raconte une partie de l’histoire douloureuse des Arméniens en Turquie.
«Les Arméniens ont toujours existé à Diyarbakır, depuis au moins deux mille à trois mille ans. Par exemple, avant le génocide arménien en 1915, il y avait treize églises arméniennes», explique Hovhannes Gafur Ohanyan, vice-président de la Fondation chargée de l’église. La ville comptait alors environ 60’000 Arméniens. A partir du 24 avril 1915, jusqu’à 1,5 million d’Arméniens de ce qui est alors l’Empire ottoman sont arrêtés, déportés et exécutés. Un génocide non reconnu par le gouvernement turc. Selon Hovhannes, il y aurait actuellement environ 80’000 Arméniens chrétiens en Turquie.
Après 1915, cette église est utilisée comme […]