A l’époque, notre journal vit au rythme d’un bi-mensuel et, lorsque les événements s’accélèrent dans la deuxième partie du mois, il est pris de court par ses délais de publication. On ne trouve ainsi qu’un faible écho de la révolte dans le numéro daté du 29 mai 1968, au détour d’un encart rappelant les impératifs d’édition :

« Compte tenu des délais de parution de notre Journal, le numéro de la Pentecôte était déjà composé quand les événements ont pris l’ampleur que l’on sait. Il était donc impossible d’en tenir compte. Mais d’ici quelques jours vous recevrez un tirage à part d’Évangile et Liberté (d’une ou deux pages) où les jours dramatiques que nous vivons seront évoqués par la Rédaction. L’envoi de ce numéro spécial connaîtra un retard imprévisible. En ces heures difficiles, puisse chacun d’entre nous sauvegarder la lucidité de sa conscience et la chaleur de sa Foi. »

Ce numéro spécial, annoncé avec l’étonnante prévision d’un « retard imprévisible », s’inscrira finalement non pas dans la forme d’un tirage à part d’une ou deux feuilles mais dans les pages du numéro suivant, en date du 12 juin 1968, où la majorité des articles évoquent les récents événements. Sur les six pages du journal […]