La liberté, ce n’est pas seulement une grande chose. Les professeurs d’histoire, les militants politiques, les grands écrivains, les avocats des causes perdues, tous parlent volontiers d’aubes étincelantes, de drapeaux claquant au vent, de dates dont on ne peut se souvenir que gravées dans le marbre et rehaussées de lettres d’or fin, définitivement écrites dans la mémoire de tous et – idéalement – de chacun. Or, pour l’essentiel, la liberté consiste à parler sans réfléchir à une terrasse de café, à laisser battre son cœur après avoir échangé à peine plus d’un regard avec l’inconnu croisé dans la rue, à monter dans une voiture sans autre désir que de rouler sans être sûr d’où l’on ira.

La liberté, ce n’est pas seulement que le peuple fasse de grandes choses, c’est que chacun des individus le constituant ait le droit de faire n’importe quoi – c’est-à-dire ce que bon lui semble sans autre limite que la liberté des autres. Et même si l’on n’y pense pas forcément comme à un droit vital, la liberté est d’abord le droit de […]