Devant le péril que représentait pour lui le nationalsocialisme, Tillich voulait prendre position comme théologien, en soutenant un point de vue inspiré par le mouvement du socialisme religieux. Il identifia alors deux grandes racines de la pensée politique : le romantisme politique, qui envisageait le prisme de l’histoire et de l’action politique à partir d’un retour à l’origine, et le principe bourgeois, qui envisageait plutôt ces problématiques sous l’angle de la fin, ou de la finalité.
Il ne faisait nul doute que le nazisme rampant consistait alors à promouvoir un retour vers les valeurs de l’origine : le sol, le sang, le peuple, etc. Autrement dit, l’avenir se jouait derrière nous, du côté d’une origine perdue vers laquelle il s’agissait de tendre à nouveau. En opposition à cette manière de comprendre le politique, Tillich identifiait le principe bourgeois, qui orientait pour sa part l’action politique vers une fin, qui vient rompre (voire dissoudre) toute forme de rapport à l’origine. Cette fin à laquelle la bourgeoisie destinait l’action politique pouvait être comprise comme une […]