Samedi 11 mai 1968, 10 heures du matin. Je sors du Lycée Saint Louis, boulevard Saint Michel à Paris, où je suis interne, et je remonte jusqu’à la place Edmond Rostand. Tout n’y est que désolation, les grilles des arbres et de la fontaine du centre de la place sont arrachées, les pavés de la chaussée défaits et entassés en restes de barricades, avec un amas de voitures brûlées, et cette odeur âcre qui stagne encore des grenades lacrymogènes utilisées dans la charge de la police. En remontant la rue Gay Lussac, le même spectacle se répète, avec de nombreuses barricades encore présentes. Beaucoup de badauds déambulent, qui viennent constater ces restes d’un champ de bataille, laquelle a duré une partie de la nuit peu après deux heures du matin quand la police a donné la charge pour dégager ces barricades.
Comment en est-on arrivé là ? Tout a commencé une semaine plus tôt, le vendredi 3 mai, lorsque […]