C’est une très grande et éblouissante exposition que nous offre le musée de la Tate Britain de Londres.
On est habitué en France à être piqué de curiosité et parfois ému par les drames humains – souvent orientaux – qu’un Gérôme nous montre avec un réalisme saisissant.
On aime toujours les reflets sur l’eau et la lumière dans les branches de Corot, Monet et des autres impressionnistes.
Certes Paul Gauguin nous a fait rêver avec ses tableaux de vahinés et de plantes luxuriantes aux îles Marquise.
Mais seul Gustave Moreau a imaginé, en France, une peinture symboliste.
Il en est tout autrement de Burne-Jones ! Avec ses représentations imaginaires et fantastiques, il a été une très grande figure de l’art de l’ère victorienne. Il a fait partie avec Hunt, Morris, Rossetti et Millais de la confrérie des préraphaélites.
C’était un groupe éphémère de jeunes peintres novateurs qui reprochaient au merveilleux portraitiste qu’avait été le grand Raphaël d’être à l’origine d’une ennuyeuse peinture académique, conventionnelle et inexpressive, indigne de l’humanité. Ils entendaient remonter au-delà de Raphaël dans l’explosion humaniste de la Première renaissance italienne Quattrocento et avaient ajouté à un tableau de Raphaël : « cracher ici » !
Après en avoir été un membre fondateur, Burne-Jones s’en était détaché mais en conservait l’idéal.
Cette exposition nous montré qu’il proposait une vision – très belle – des mythes et des légendes de l’antiquité et de l’imaginaire anglais. Il emmenait ses visiteurs bien loin du monde présent, dans un univers jamais déplaisant, toujours peuplé d’hommes et surtout de femmes jeunes et beaux, présentant presque tous, étrangement, le même visage mélancolique et méditatif.
On traverse ainsi, dans ces grandes salles de la Tate Britain, des scènes oniriques dans une […]