Deux questions centrales habitent l’ouvrage. D’abord, quelle est la vérité du christianisme issu de Jésus ? Pour y répondre, il compare « la prédication apostolique et ce qu’il en est advenu dans la tradition de l’Église ». Il constate chez celle-ci un sérieux décalage et même un dérapage par rapport à celle-là. D’une communauté de frères s’autogérant et se ressourçant en Jésus ressuscité témoin d’un Dieu Père de tous les humains (la prédication apostolique), on passe à partir de la seconde moitié du IIe siècle à une Église établie (la tradition de l’Église) suivant un double tournant.
D’une part, un tournant religieux avec la mise en place d’un épiscopat monarchique détenant tous les pouvoirs ; un tournant sacrificiel considérant la mort de Jésus comme un sacrifice expiatoire de la faute originelle. D’autre part, un tournant dogmatique aux IVe et Ve siècles avec l’imposition à tous d’une doctrine sur Jésus, Dieu et l’Esprit dont les contenus excèdent de beaucoup ce qu’exprime la « prédication apostolique ». J. Moingt appelle son Église à retrouver les convictions professées par la « foi apostolique ».
L’autre question fondamentale que pose J. Moingt est la suivante : […]