Une théologie de l’incarnation

Les Stones, c’est un groupe de scène. Même leurs studios sont parfois des scènes de vie dont on n’aurait pas idée s’il n’y avait eu des reportages de ces moments mythiques, notamment à la villa Nellcôte, près de Nice, et qui fut le moyen de produire le très original Exile on main Street qui contient l’hommage à Angela Davis, Sweet black angel ou encore la si belle ballade Sweet Virgnia.

Les albums des Stones sont propres sur le plan musical, mais ils ne sont pas remplis d’arrangements, de chichis et de tralala. C’est simple, beau (et efficace) comme l’intérieur d’un temple protestant ou d’une église cistercienne – il y a juste une exception avec l’album Their Satanic Majesties Request qui fut une manière pour les Stones de montrer au monde qu’ils étaient vraiment les patrons, même sur le terrain de prédilection des chanteurs de variété qui traversent les rues en empruntant les passages piétons : la preuve de leur succès en la matière se constate dans toutes les publicités qui ont repris le titre She’s a rainbow (Dior, Coca-Cola, Groupama, Mercedes, Sony et même Apple – bien d’autres titres auront été utilisés par ailleurs). C’est le côté convivial des fêtes paroissiales, des kermesses de fin d’année qui font le pont avec la vie quotidienne des paroissiens.

L’important est que les chansons soient vécues sur scène, de même que le christianisme n’est pas une religion de salon.

Les chrétiens sont dans la rue, chantant le cantique Debout sainte cohorte comme d’autres chantent Street Fighting man car il s’agit de lutter pour le Royaume de Dieu ici bas et non de s’alimenter de Lucy in the Sky with Diamonds, ce qui serait une manière de fuir dans un monde parallèle (peut-être le concert à Altamont avait-il de quoi donner envie de fuir, mais pas la musique – ceci dit il s’y est vécu ce qui se passe à l’échelle d’une ville). La vie chrétienne ne consiste pas à se réfugier dans un paradis artificiel, mais à faire émerger une vie où le bonheur et la grâce sont des réalités tangibles, ce qui implique parfois de traverser la vallée de l’ombre de la mort (Psaume 23).

Il faut les avoir vu sur scène pour comprendre ce qu’est une théologie de l’incarnation.

Il faut avoir bénéficié d’une interprétation de Paint it Black avec Bill Wyman faisant vrombir un hélicoptère à la basse tandis que Charlie Watts donnait la rythmique du Boléro de Ravel et que Mick Jagger chantait en alexandrins, pour éprouver cela (l’expérience de la projection de leur concert à la Géode, ça vaut la peine d’être vécu – et pas qu’une fois).

L’action du saint Esprit

Si les Stones sont le plus grand groupe de tous les temps passés et à venir, cela ne signifie pas que les membres du groupes soient les meilleurs. Keith Richards n’est ni le meilleur ni un très bon guitariste. Il le dit lui-même. En revanche, lorsqu’ils sont ensemble, ce sont les meilleurs. Et ils le savent. C’est là le travail du […]