Quelle excellente idée a eue l’ami Patrick van Dieren de rééditer ce dialogue entre Ferdinand Buisson et Charles Wagner, qui, bien que publié en 1903, est d’une étonnante modernité, et tout spécialement pour nous autres, protestants libéraux !
Et le bénéfice du lecteur est encore accru par une préface très éclairante d’André Gounelle qui replace utilement l’échange dans son contexte historique et politique, mais surtout qui aide à en évaluer la portée théologique.
En 1903, Ferdinand Buisson est un personnage politique considérable : directeur de l’enseignement public – autant dire bras droit de Jules Ferry – il préside en outre la commission parlementaire qui prépare la loi de séparation des Églises et de l’État, qui ne devait être votée que deux ans plus tard. Issu du protestantisme libéral, Buisson en était venu à se considérer comme agnostique et il présidait une association de libres-penseurs, de tendance spiritualiste comme lui-même.
Il adresse à la revue Le Protestant, un des organes de la théologie libérale à l’époque, quatre lettres pour inviter les protestants libéraux à rejoindre son mouvement : qu’est-ce qui empêche finalement un libre croyant de devenir un libre penseur ? Et il s’efforce de démontrer, point par point, qu’un tel ralliement est […]