Les récits d’Albert Londres n’ont pas de prix : capter l’altérité, l’offrir en un mot, deux images, voilà qui n’est pas du premier venu. Drôle de type, audacieux comme pas quinze, humaniste ayant dénoncé le bagne et admiré le courage des coureurs cyclistes – on sait qu’il baptisa les coureurs du Tour de France « les forçats de la route » –, Albert Londres publia Le Juif errant est arrivé, large enquête au sujet des Ashkénazes, en 1929. Les éditions Arléa rééditent ce document dans un format de poche et c’est un voyage à ne pas manquer.
Le reporter, analysant l’enfermement dans lequel nombre de régimes du continent confinèrent les Juifs, laisse parler sa sensibilité : « De quoi vécurent-ils dans ces ghettos ? Ils vécurent de rêves. Vous n’avez qu’à les regarder si vous croyez que je vous trompe. Ils ne sont pas maigres, ils sont creux. Joues pâles, estomacs défoncés. Sous un coup de doigt, ils résonneraient comme la caisse d’un violon. C’est que leurs rêves ne sont guère entourés que […]