Ce texte souvent cité par extraits, jamais publié ni même lu dans son intégralité, propose un parcours des deux premiers tiers du xxe siècle à travers la vie d’un acteur majeur du protestantisme français et international. André Trocmé (1901-1971), issu d’une famille germano-française d’industriels du textile dans le nord de la France, a connu l’occupation de sa région au cours de la Première Guerre mondiale et y est devenu à jamais pacifiste. Au terme de ses études de théologie, complétées par un séjour d’un an à New York, il vit pleinement l’expérience du Christianisme social dans le Nord ouvrier.
En 1934, il devient pasteur du Chambon-sur-Lignon, en Haute-Loire. Il y fonde en 1938, avec son collègue Édouard Theis, l’École nouvelle cévenole (futur collège Cévenol), un lycée d’enseignement privé protestant. L’établissement accueille à partir de 1940 des enseignants et des élèves étrangers, le plus souvent juifs. Au même moment, André Trocmé, sa femme Magda et une série de personnes organisent l’accueil de plusieurs centaines de Juifs au Chambon-sur-Lignon et sur le Plateau. Le pasteur tient tête aux autorités de Vichy, et est emprisonné pendant un mois en 1943, avant de devoir passer à la clandestinité jusqu’à la Libération.
Son autobiographie offre un document de première main sur ces années qui ont valu au Chambon-sur-Lignon la reconnaissance de l’Institut Yad Vashem, en Israël, et une notoriété mondiale.
Au lendemain de la guerre, André Trocmé s’installe à Versailles pour y diriger la branche européenne du Mouvement international de la Réconciliation, avant de terminer sa carrière pastorale à Genève. André et Magda Trocmé ont été reconnus Justes parmi les nations.
L’introduction, l’édition et les notes sont l’œuvre de l’historien Patrick Cabanel (EPHE, Paris), spécialiste des Justes parmi les nations et de l’accueil des Juifs dans les Cévennes comme au Chambon-sur-Lignon.