C’est le titre du dernier livre d’Olivier Weber qui m’a donné envie de le lire : Frontières. On sait l’actualité tragique de cette réalité avec ses passeurs et ses migrants, les iconoclastes de Daesh, par exemple. Je ne connaissais rien d’O. Weber. Je découvre qu’il est écrivain-voyageur, journaliste-reporter, qu’il a été correspondant de guerre pour la presse française et britannique, ambassadeur de France, qu’il a couvert une vingtaine de conflits.
Du Caucase à l’Amérique du Sud, du Cambodge à l’Amazonie, de l’Érythrée à l’Afghanistan, de l’Irak à Tanger pour aboutir à Menton, nous sommes fascinés par des paysages, des portraits émouvants, des précisions méticuleuses d’ordre topologique et géographique, des réflexions concernant tous les gens des frontières et le problème infini de ces dernières : « La nécessité de franchir les frontières et la nécessité de les maintenir. » « Au commencement de toute civilisation existe une frontière. Au commencement de tout rêve existe la transgression de la ligne. » Tout cela s’inscrit dans la tradition passionnante des voyages littéraires, mais tout cela est le plus souvent tragique : « Les atlas modernes sont emplis de cartes invisibles, celles de l’épouvante. » Les pages sur Karachi (Pakistan) sont hallucinantes autant que sont émouvantes et empreintes de tendresse celles consacrées à Tanger (Maroc). […]