Si on excepte quelques étudiants qu’il a profondément marqués, son œuvre n’a cependant pas dans le protestantisme francophone l’audience qu’elle mériterait, bien qu’il ait beaucoup publié dans notre langue. Il est plus connu et apprécié dans les pays anglo-saxons que chez nous. Il faut féliciter le pasteur Philippe Aubert de nous présenter sa théologie dans ce petit livre, d’autant plus qu’il le fait avec une très grande clarté (alors que les textes de Vahanian sont souvent d’une lecture difficile) et avec beaucoup d’exactitude et de précision.
Ce qui anime l’œuvre de Vahanian, c’est le combat contre l’idolâtrie, qui sévit d’abord, peut-être surtout, au sein même de la chrétienté ; au Dieu vivant de la révélation biblique, elle substitue trop souvent un dieu mort, soit parce que colonisé dans une piété qui s’empare de lui et le chosifie, soit parce qu’exilé dans un au delà déconnecté du réel. Le premier livre de Vahanian, qui lui a donné une réputation sulfureuse, s’intitule La mort de Dieu et est une charge iconoclaste contre une religiosité qui se croit évangélique, mais qui aseptise Dieu et en fait un élément de confort affectif et intellectuel. Dans ses publications suivantes, Vahanian réfléchit sur la manière dont on peut vivre le Dieu biblique, à la fois radicalement lié à l’humain (l’homme est la condition de Dieu) et irréductiblement autre. […]