Michelet disait de l’historien qu’il devait faire comme Ézéchiel : souffler sur les ossements des morts pour les faire revivre (Ez 37,1-14). Martine Lecoq n’est pas historienne de métier, mais c’est ce que son poignant récit parvient à faire : redonner vie à une personnalité aussi controversée que l’est encore le révolutionnaire Danton (1759-1794). Autant le dire d’emblée : Martine Lecoq a pris le parti contraire de celui du grand historien de la Révolution que fut François Furet en vouant son récit à une sorte de réhabilitation de Danton.
Mais il faut immédiatement porter à son crédit la superbe préface qu’a rédigée pour elle cette autre grande historienne qu’est Mona Ozouf et qui n’hésite pas à saluer son merveilleux travail de conteuse : « Il arrive à l’empathie de fournir, mieux que ne fait la défiance, l’accès à la compréhension. » Au Danton vénal et calculateur, l’auteure a donc préféré le simple portrait d’un homme – rien qu’un homme, mais tout un homme, et quel homme ! C’est là que la théologienne qui se cache derrière la conteuse se dévoile, en s’attachant à ce qui […]