Je ne saurais dire si c’est l’art lui-même qui ne suscite en moi aucune émotion, si c’est le caractère élitiste de cet art ou le rapport au temps qu’il induit. Sans doute un peu des trois.

L’art m’est devenu incompréhensible. Autant je fréquente avec plaisir les toiles de l’école flamande, par exemple, avec l’illustre Rembrandt, autant j’affectionne les impressionnistes, Monet et Van Gogh en tête, autant les œuvres d’un Picasso ou d’un Dali m’émeuvent et m’interpellent, autant je reste stoïque devant les œuvres d’art que le Musée Beaubourg se fait un point d’honneur à exposer ! Heureusement qu’il y a des émissions comme d’Art-d’Art, sur France 2, pour m’aider à comprendre – apprécier ? – cet art quelque peu abscons…

Musée du présent

Le côté abstrait de cet art, la difficulté qu’il y a à le comprendre est sans doute ce qui m’en éloigne. Mon côté protestant me lie à un sens déchiffrable. Lisible. Compréhensible par tous. Sans
médiation. Avec Luther, je plaide pour la langue du peuple contre le latin ! Je plaide pour l’art figuratif contre l’art abstrait ! Plus fondamentalement peut-être, l’art contemporain me révulse par son « présentéisme ». Beaubourg en est l’illustration : un musée non pour l’art qui a été fait mais pour « l’art en train de se faire » (François Hartog) ! Autrement dit : un musée qui non seulement tourne le dos au passé mais se ferme au futur. Comme si seul le présent était nécessaire. Luther aurait peut-être reconnu dans cette attitude, celle d’un homme « recroquevillé sur lui-même ». Pécheur. Tellement sûr d’être au centre du monde, petit dieu, qu’il n’a pas à apprendre du passé et n’a rien à attendre de l’avenir. Un programme peu attirant, non ?