Pierre Soulages n’aimerait pas qu’on parle de la spiritualité de ses tableaux, lui qui s’est toujours refusé à toute explication religieuse. Mais il est incontestablement peintre de la lumière. Il ne peint jamais rien d’autre que la lumière. Il est animé d’une seule passion : découvrir le surgissement – souvent improbable – de la lumière dans le noir le plus profond.
D’ailleurs, a-t-il dit, pour peindre la neige j’utilise de l’encre de Chine noire.

Ses tableaux sont noirs mais ce n’est certes pas le noir du deuil, de la détresse, de l’angoisse qu’il peint. Il n’utilise le noir que pour faire apparaître la lumière. En les contemplant, chacun peut sentir la petite espérance surgir en lui.
Celui qui ne verrait en ces toiles qu’un « combat de nègres dans un tunnel » devrait se demander pourtant si elles ne lui font quand même pas penser à sa préoccupation vitale la plus ultime.

Qqu’y a-t-il de plus fondamentalement vital dans la vie et la spiritualité humaines que la lumière jaillissant dans nos ténèbres, comme le répète à l’envi le prophète Esaïe et Jésus lui-même qui disait : « Je suis la lumière ».

Pierre Soulages aura 100 ans le jour de Noël de cette année et depuis sa jeunesse, il n’a jamais peint autrement. Cette exposition qui résume les huit décennies de son œuvre est située dans le prestigieux Salon Carré du Louvre. Elle entend célébrer son prestige. Il a reconnu être ému de voir décrocher au profit des siennes, les œuvres de Cimabue et des autres Primitifs italiens qu’il admire tant ! […]