Abraham a attendu longtemps avant d’avoir un enfant avec sa femme Sara. Son couple devient fécond après qu’il a reçu le commandement de circoncision qui est symboliquement un renoncement à la toute-puissance du mâle dominateur.
Quand son fils est devenu grand, Abraham entend le Seigneur lui demander de le sacrifier : « Prends ton fils, ton unique, Isaac, que tu aimes. Pars pour le pays de Moriyya et là, tu l’offriras en holocauste sur celle des montagnes que je t’indiquerai. » (GN 22.2)
Dans l’expression « tu l’offriras en holocauste », le verbe offrir a la même racine que le mot holocauste. Cette racine signifie aussi élever, si bien que l’on peut traduire : monte-le en montée. Tout ce qu’on fait monter vers Dieu n’est pas un sacrifice !
Le moment du sacrifice
Lorsqu’Isaac demande à son père où est l’agneau pour l’holocauste, ce dernier répond : Dieu pourvoira lui-même l’agneau. Dieu a effectivement pourvu en donnant à Abraham… un bélier.
La différence entre un bélier et un agneau est que le premier est le père et l’agneau l’enfant. Abraham croyait qu’il devait sacrifier son fils, mais c’est un père qu’il a immolé.
Ce qu’Abraham a dû offrir à Dieu, ce n’est pas son enfant, mais sa compréhension de la paternité. Abraham croyait qu’il devait tuer son fils alors qu’il devait le faire monter, le laisser aller, l’appeler à vivre sa vie. Il a dû apprendre à être père tout simplement, car n’est-ce pas la vocation de tout parent que de laisser partir son enfant ?