Senga Mwasa Niyon, premier sergent dans les Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR), un groupe armé qui terrorise les villages de l’est de la République Démocratique du Congo (RDC), se sentait piégé. Ayant été soldat rwandais pendant le génocide de 1994, Senga craignait d’être arrêté (et probablement tué) comme ennemi de l’état s’il retournait au Rwanda depuis le Congo. Il avait fui dans ce pays pendant le génocide, alors que les soldats du gouvernement actuel prenaient le contrôle au Rwanda. Au Congo, il pensait que d’autres combattants du FDLR le tueraient s’il faisait défection. Il a survécu comme réfugié au Congo pendant presque 18 ans, comme soldat et officier du FDLR. Mais il était fatigué de la faim, de la maladie et de la guerre incessante. Il ne savait pas où aller. Cécile Nyasa Icyimpaye, son épouse, était lasse des déplacements constants. « Vivre dans la forêt était très, très difficile. J’y ai enfanté plusieurs fois. Parfois, j’accouchais un jour et le lendemain je prenais un enfant sur mon dos. Ensuite, je marchais pendant deux trois jours sans rien boire ou manger afin d’échapper à l’armée congolaise. » Cécile se sentait piégée, parce que beaucoup de gens lui avaient dit qu’elle serait tuée si elle retournait au Rwanda.

Une chance

Arrive Emmanuel Billay. Depuis 2007, il coordonne un projet destiné à diminuer les violences dans le Nord-Kivu, une province de l’est de la RDC, en aidant les réfugiés rwandais, dont des combattants comme Senga, à retourner sans risque à une vie civile au Rwanda. Billay est le superviseur pour le Nord-Kivu du Programme pour la Paix et la Réconciliation (PPR), partenaire du Mennonite Central Committee, qui jusqu’à maintenant a aidé plus de 1 900 combattants et 22 500 civils à retourner au Rwanda. Le PPR est une action de l’Église du Christ au Congo, une organisation protestante réunissant 19 dénominations. […]