La situation reste confuse en Guinée. Dimanche 5 septembre, dans ce pays d’Afrique de l’Ouest marqué par la pauvreté, des militaires des forces spéciales ont annoncé avoir capturé le président Alpha Condé et dissous les institutions en vigueur dans le pays.
Dans la soirée, un couvre-feu a été décrété par les putschistes « à partir de 20 heures sur toute l’étendue du territoire national ». Au journal télévisé, ils ont également annoncé la fermeture des frontières terrestres et aériennes « pour une semaine au moins », le remplacement des membres du gouvernement par les secrétaires généraux de chaque ministère, celui des préfets, sous-préfets et gouverneurs de région par des militaires. Ils ont aussi appelé « les fonctionnaires à reprendre le travail dès ce lundi ». Dans des vidéos et des photos qui ont circulé durant la journée, on voit le président guinéen Alpha Condé en jean sur un canapé, entouré de militaires en tenue et armés. Mais le déroulé des événements comporte toujours des zones d’ombre.
Le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya
On ne sait pas encore exactement qui sont les putschistes. L’homme qui parle dans les vidéos est identifié comme le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya, chef des forces spéciales. Il s’exprime au nom d’un « Comité national du rassemblement et du développement ». Malinké originaire de la région de Kankan, il a fait partie de la Légion étrangère française, puis a été rappelé en Guinée pour commander le Groupement des forces spéciales (GES) ayant pour mission officielle de lutter contre le terrorisme.
En Guinée, la crise n’est pas nouvelle. En 2020, la candidature d’Alpha Condé à un troisième mandat, permise par une réforme de la Constitution, a été à l’origine de mois de tensions. Autour de cette élection, des dizaines d’opposants ont été arrêtés. Après des décennies de régimes autoritaires, Alpha Condé, ancien opposant historique, était devenu en 2010 le premier président démocratiquement élu en Guinée. Mais ces derniers temps, des défenseurs des droits humains s’alarmaient d’une dérive autoritaire. Les Guinéens ont toujours en mémoire l’épisode douloureux et sanguinaire d’une précédente junte dirigée brièvement, entre décembre 2008 et décembre 2009 par le capitaine Dadis Camara.