L’entrelacs des rues, cache-cache avec le soleil, jeu des traboules, discrète société, justifie que l’on dise de Lyon qu’elle se situe « à midi moins le quart ». On aurait tord d’oublier, cependant, la majesté des bords de rivières – le Rhône, la Saône… et peut-être aussi le Beaujolais. Sérieux sous le sourire, Pierre Blanzat témoigne de la pérennité de la mémoire résistante chez les protestants lyonnais. 

« La paroisse de Lyon Rive Gauche est issue de l’union de deux paroisses, rappelle-t-il. Celle des Brotteaux rassemblait plutôt la bourgeoisie, pour une part issue des soyeux, celle de la Guillotière, plus populaire, composée de gens venus de Haute-Loire, de la Drôme, de l’Ardèche. A ces protestants de toujours, viennent s’ajouter des protestants d’élection, le nombre de baptêmes d’adultes n’ayant pas cessé de croître chez nous ces dernières années. »

Comme on le devine, cette paroisse est très impliquée dans l’accueil des migrants. Dans une démarche commune avec les anglicans de Lyon, les paroissiens du Grand Temple ont créé un poste missionnaire et mis sur pieds le projet « Passe-way », à destination des primo-arrivants dont le Français n’est pas la langue d’origine. Cette volonté de lancer des ponts fraternels s’inscrit dans une histoire locale très forte.

« La mémoire de la Résistance reste vivante au sein même de notre paroisse, explique Pierre Blanzat. D’abord parce que les paroissiens qui ont vécu cette période-là témoignent encore, même si cette source risque hélas de se tarir, par la force des choses. Dans un de nos lieux de cultes, l’espace Bancel, une salle porte le nom de Mazaud, deux frères qui se sont engagés dans le maquis et qui, arrêtés, ont été exécutés. Je garde le souvenir ému du doyen de la paroisse, décédé pendant le Covid à un peu plus de cent ans qui, au sortir des études supérieures et du scoutisme, s’était engagé dans la Résistance et avait tissé des liens avec le plateau du Chambon-sur-Lignon, lors d’un moment de partage intergénérationnel. »

Pasteur ayant vécu sa jeunesse dans la Haute-Loire ayant suivi ses études au Collège Cévenol, Pierre Blanzat se vit comme héritier de cette mémoire.

Il a veillé à ce que l’exposition consacrée aux protestants au fort de Montluc soit présentée au Grand Temple. « Je pense que cette histoire marque tous les Français, tous les lyonnais, pas seulement les protestants de Lyon bien sûr, observe-t-il en souriant. Ceci étant posé, je constate que ceux qui nous rejoignent se sentent immédiatement pris par la geste héroïque de la Résistance. Le  lien spécifique entre la ville et le Plateau favorise la transmission. Des groupes scolaires vont visiter les lieux de mémoire au Chambon et s’imprègnent de cette leçon. Les plus anciens nous quittant petit-à-petit, le passage de témoin risque de manquer de chair, mais nous sommes là et nous ferons tout notre possible pour qu’elle demeure vive. » Lyon, sous cet angle, mérite elle aussi d’être appelée Ville-Lumière. 

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