Baden Powell est le fondateur bien connu du scoutisme, il avait donc bien sûr une vision pédagogique pour l’éducation de la jeunesse, mais son projet était sous-tendu par une théologie qui mérite de l’attention.

La méfiance même qu’a eue l’Église catholique vis-à-vis du scoutisme mettant plus de dix ans avant de s’en emparer, le prouve. Il faut dire que Baden Powell était protestant, fils de pasteur et qu’il avait une anthropologie, et une conception de la religion très profondément inspirées des idées de la Réforme.

Parmi celles-là, on trouve d’abord une formidable ouverture, il n’a pas voulu faire du scoutisme un mouvement confessionnel au service d’une Église particulière sans doute parce qu’il avait une ecclésiologie faible, relativisant l’importance de toute Église, bien dans la sensibilité protestante : l’important, ce n’est pas l’Église, mais l’Évangile, ou plus encore la façon de vivre une bonne nouvelle les uns avec les autres. De même il ne voulait pas d’aumônier, au nom du sacerdoce universel, un chef peut très bien témoigner et partager l’Évangile avec les jeunes, la présence d’un prêtre ou d’un pasteur n’étant absolument pas essentielle pour s’approcher de Dieu. Mais cela n’allait pas avec une dévalorisation du spirituel, au contraire. « Servir Dieu » est l’un des trois points de la promesse et tout à fait central dans toute sa pédagogie, mais il pensait que « servir Dieu » ne voulait pas dire se soumettre à des actes liturgiques ou des pratiques d’Église, mais vivre concrètement l’Évangile dans une volonté de servir Dieu par la fraternité et l’entraide, et de se laisser mouvoir par un profond sentiment de reconnaissance. […]