Ce livre contient ses dernières paroles, des paroles prophétiques menaçantes vis-à-vis de Babylone. Sur ordre de Jérémie le document est jeté dans l’Euphrate, lesté d’une pierre. La prophétie demeure, mais l’écrit disparaît. Il est pourtant utile qu’il y ait eu un acte d’écriture.
L’importance donnée aux écrits par bien des prophètes est notable. Nous sommes pourtant à une époque où peu de gens savent lire et où presque tout se transmet oralement. Certes, on sait bien que, même inscrits sur la pierre ou sur du cuir très solide, les écrits sont périssables. Mais le fait que des paroles aient été matériellement écrites leur donne du poids. C’est justement la fonction mémorielle de l’écriture qui a conduit à la rédaction, à la conservation et au rassemblement des textes bibliques.
Qu’en est-il aujourd’hui ? Presque tous nos contemporains savent lire, mais notre rapport à l’écrit a changé, particulièrement quand il s’agit du livre papier. Les lettres, mots et phrases de nos systèmes modernes de communication ont des valeurs à géométrie très variable selon leurs utilisateurs. Ce qu’ils transmettent peut avoir un poids très grand ou tout à fait nul. Il y a à la fois inflation et dévaluation de l’écrit.
Cela a indéniablement un effet sur la façon dont nous considérons les textes bibliques et sur l’usage que nous en faisons. La familiarité avec les Écritures n’est plus aussi évidente que dans le passé. Sans tomber dans le littéralisme, gardons et promouvons la lecture de la Bible, que le texte soit sur papier ou sur écran.
Par Olivier Pigeaud, pasteur en retraite