Le carême est tendance sur les réseaux sociaux. Des conseils pour mieux vivre cette période de privation de quarante jours avant Pâques sont partagés, surtout auprès des jeunes. Depuis le mercredi des Cendres et le début du carême, plusieurs ont documenté leur pratique religieuse. Les prêtres ont constaté une affluence durant leurs messes hebdomadaires. Est-ce un effet du « carême routine », qui consiste à montrer son jeûne ou ses prières durant cette période ? Sur TikTok, le hashtag #carême2025 est particulièrement plébiscité. Il cumule plus de 4 000 publications en à peine trois semaines, un record face aux autres années. Interrogé par TF1, Teddy raconte qu’il fait son premier carême après avoir vu des vidéos sur les réseaux sociaux. « On veut se rapprocher de Dieu le plus tôt possible », explique-t-il. Une adolescente de confession chrétienne, questionnée par Le Point, dit avoir décidé de se lancer cette année. « Je ne sais pas si c’est forcément lié aux réseaux sociaux, mais c’est vrai que ça fait plaisir de voir d’autres gens qu’on suit en parler, ça motive ! », développe-t-elle.

Les réseaux sociaux peuvent aussi être le lieu pour poser ses questions, sans crainte d’être jugé. Ils peuvent permettre d’entrer dans la religion plus facilement qu’en se rendant dans une église ou en posant ses questions à un prêtre. La popularité du carême 2025 tient peut-être aussi au fait que ses dates ont coïncidé avec celles du ramadan. Le carême a lieu du 5 mars au 17 avril, quand le ramadan s’est déroulé du 28 février au 30 mars. « Les musulmans n’ont pas peur de dire ce qu’ils vivent. Je pense qu’il y a beaucoup de jeunes chrétiens qui se sont dit : ‘Après tout, nous aussi, on entre dans le carême. Ce serait peut-être bien de le dire et de le vivre aussi », analyse un prêtre. Toutefois, pour certains cela a pu créer de la confusion sur les religions ou entraîner un débat interreligieux dans les commentaires de certaines vidéos, pour opposer les religions entre elles.

Pourquoi le carême intéresse-t-il les jeunes ?

Le prêtre Benoît Pouzin, créateur de contenus pour les jeunes sur Internet, estime que de nombreux jeunes « se posent des questions sur le sens de la vie, sur la foi et donc concrètement les jeunes avaient soif de vivre le Carême et de savoir comme le vivre ». « Partout en France, on a constaté une affluence massive, et spécialement de jeunes qui sont venus vivre cette messe [du mercredi des Cendres] pour commencer leur carême », confie-t-il à RFI. La religion chrétienne est attractive pour les jeunes. Ainsi, en 2024, 5 100 adolescents entre 11 et 17 ans ont été baptisés, contre 2 861 en 2023, selon une enquête de la Conférence des évêques de France. Pour les adultes, 36% des baptêmes en France concernaient les 18-25 ans, soit une augmentation de 150% en cinq ans.

Pour la sociologue Isabelle Jonveaux, cet engouement de vouloir appartenir à une communauté et d’observer des règles vient du fait que « certains jeunes ont l’impression de vivre dans une société où on ne sait plus tellement tout est mouvant ». Pour trouver une voie, ils s’orientent vers un « cadre identifié qui va être sûr et qui va leur donner une certaine sécurité », explique-t-elle.