Date de publication d’origine : 06/06/2022
Avant de quitter les siens, Jésus leur a dit qu’il était avantageux pour eux qu’il s’en aille car ils pourront alors recevoir le Saint-Esprit. La Pentecôte commence par un retrait, une distanciation entre Dieu et l’homme, à l’image d’un parent qui se retire pour laisser son enfant prendre son envol. La Pentecôte se présente comme une naissance, elle est au commencement du temps de l’Église. Elle s’offre à nous sous le signe de la communication et de la liberté.
Que s’est-il passé à la Pentecôte d’après ce que nous raconte le livre des Actes des Apôtres ? Il y avait foule à Jérusalem ce jour-là, comme lors de toutes les fêtes du judaïsme. Lorsque Pierre s’est mis à parler, des hommes de tous les pays l’ont écouté. Il y avait des Parthes, des Mèdes, des Élamites, des habitants de la Mésopotamie, de la Judée, de la Cappadoce, du Pont, d’Asie… et tous ont entendu la parole de l’apôtre dans leur langue maternelle. Qu’est-ce qu’une langue maternelle ? C’est la langue de leur mère, celle de leur intimité. Tous les auditeurs ont entendu l’Évangile comme une parole qui leur était adressée personnellement… et 3 000 se sont convertis !
Une parole pour soi
Le vrai miracle de ce jour-là, la vraie marque de l’Esprit, ce n’est pas que des langues étrangères aient été parlées, mais que 3 000 personnes se sont converties en écoutant une prédication expliquant simplement que Jésus de Nazareth était le Messie attendu par Israël. L’apôtre Paul dit de l’Esprit qu’il n’est pas un esprit de servitude, mais un esprit d’adoption permettant d’appeler Dieu : Abba, Père ! L’Esprit nous permet de dépasser l’image d’un dieu lointain, celui des philosophes et des savants, pour le comprendre comme un Dieu proche, qui s’adresse à notre intimité.
Un jour, des étudiants sont allés écouter un maître réputé pour sa sagesse. Ils passent la soirée ensemble, puis ils prennent congé. À la sortie, l’un des étudiants dit à ses compagnons : « Je suis vraiment désolé de ce qui est arrivé ce soir car le maître n’a parlé que pour moi. Sachez simplement que ce qu’il m’a dit à moi était très fort pour ma vie. Même si vous avez perdu votre temps, cette soirée était importante. » Ses amis lui ont tous répondu : « Mon pauvre ami, tu te trompes complètement, ce n’est pas à toi que le maître a parlé, mais à moi seul. » Chaque étudiant avait entendu la parole du maître dans sa langue maternelle. Il y a une pentecôte chaque fois qu’une personne entend l’Évangile comme une parole personnelle, qui s’adresse à son histoire, à son intimité.
Le mot esprit veut aussi dire souffle et vent, en grec comme en hébreu. Le propre du vent est qu’il ne se laisse pas emprisonner. Si je sors par un jour de grand vent et que j’essaye de l’enfermer dans une boîte afin de le garder en conserve pour le libérer le jour où il manquera, mon entreprise est vaine. On ne peut pas capturer le vent, on peut juste hisser sa voile pour se laisser pousser, se laisser rafraîchir, se laisser inspirer par son souffle.
Ouvrir les fenêtres
Lorsqu’ils ont reçu l’Esprit, les apôtres étaient enfermés dans une maison. La première chose qu’ils ont faite fut de sortir pour parler à la foule. La pentecôte est le mouvement qui les a conduits à quitter leurs enfermements, à ouvrir leurs fenêtres, à sortir de leurs espaces confinés, à se laisser décoiffer par le souffle de Dieu. Fondamentalement, ce souffle est créateur, il n’est pas conservateur. Comme l’air que l’on respire permet à notre corps de vivre, l’Esprit est la respiration de la foi et de la vie en Église. L’Église de la Pentecôte est une Église qui respire, libre, créatrice, et qui laisse la Parole circuler pour qu’elle puisse se […]