Pendant longtemps, je n’ai pas trop aimé les cultes de la Réformation car je trouvais qu’il relevait plus de la fierté identitaire que la quête d’Évangile. Je n’aimais pas les protestants qui cultivent l’orgueil des minoritaires qui se pensent supérieurs parce que leurs ancêtres ont résisté.

Et puis j’ai réfléchi et je me suis laissé convaincre par plusieurs arguments.

  • Le message central de la Réforme est la radicalité de la grâce. L’affirmation que toute la théologie doit être repensée à partir de ce point de départ. C’est l’affirmation des fameux seuls (Soli Deo Gloria, sola gratia, sola fide, sola scriptura : à Dieu seul la gloire ; par la grâce seule, par la seule foi, en la seule Écriture). L’étude des épitres de Paul m’a convaincu que c’était aussi la démarche théologique et pastorale de l’apôtre.
  • Le combat de la Réforme était aussi celui de la liberté de culte, la revendication de la possibilité de croire autrement. Dans le livre de l’Exode, lorsque Dieu appelle Moïse pour être le libérateur de son peuple, ce dernier lui demande un signe. Le Seigneur répond : « Voici quel sera pour toi le signe que c’est moi qui t’envoie : quand tu auras fait sortir d’Égypte le peuple, vous servirez Dieu sur cette montagne» (Ex 3.12). La liberté de culte est présentée comme la matrice de toutes les libertés et il est juste de la célébrer.
  • Dans le Premier Testament, le commandement qui revient le plus grand nombre de fois est : « Tu te souviendras» et la mémoire concerne la libération : « Tu te souviendras que tu as été libéré d’Égypte. » La fête de la Pâque, Pessah, est une théâtralisation d’une libération qui est fondement de la foi et de l’éthique.

Le culte de la Réformation peut relever du bon usage de l’histoire qui est comprise comme un fondement à partir duquel on peut aborder les problèmes du présent selon l’adage de Nietzsche qui dit que le futur appartenait à celui qui avait la mémoire la plus longue.

Alors n’hésitons pas à célébration la Réformation pour mieux entendre les exigences de la grâce pour notre temps.