Il a d’abord quitté TikTok en décembre 2023, afin de ne pas devenir un gourou pour ses 1,2 million de followers. Dimanche 20 octobre, sur YouTube, Matthieu Jasseron a expliqué pourquoi il ne serait désormais plus Père Matthieu. Après cinq années de prêtrise, le curé de Joigny, dans l’Yonne, a annoncé qu’il quittait ses fonctions au sein de l’Église. Selon Le Point, cette décision, mûrement réfléchie, fait suite à des pressions et du harcèlement. Une situation récurrente depuis treize mois. Tout aurait commencé avec la publication du livre Les Histoires de cœur d’un jeune curé.

« Il me semble que je ne suis plus suffisamment en phase avec l’Église institutionnelle pour rester l’un de ses prédicateurs. Je n’ai plus ce qu’il faut intérieurement pour être l’un des manageurs de l’institution », résume l’ex-star de TikTok, toujours croyant. Matthieu Jasseron déclare s’être fait « molester et agresser physiquement par un évêque« . Une agression physique doublée d’une mise à l’écart progressive. « On m’a envoyé au tribunal ecclésiastique pour me faire, en théorie, condamner par le chanoine pénitencier. Dieu merci, j’ai pu être relaxé », lâche le prêtre.

« Blacklisté »

Celui-ci parle de « pressions » ayant abouti à l’interdiction d’un rassemblement d’Église, « parce que ma présence suscitait une certaine peur auprès de certains prélats ». Ceux-ci auraient craint la révélation de « quelques scandales ». S’estimant victime de diffamation de la part de « journaux chrétiens », Matthieu Jasseron ajoute : « Tous les confrères qui me sont territorialement et hiérarchiquement les plus proches, les mêmes en fait, qui m’ont donné envie d’être prêtre et qui m’ont formé, m’ont tout simplement blacklisté. »

Dès lundi 21 octobre, Pascal Wintzer, l’archevêque de Sens et d’Auxerre, a réagi à l’annonce du prêtre, via la mise en ligne d’un communiqué. « Au service du diocèse depuis le 6 octobre dernier, je ne connais pas encore Matthieu Jasseron ni sa situation », néanmoins, le responsable religieux auparavant affecté à Poitiers a écrit qu’il rencontrerait le prêtre démissionnaire « dans les prochains jours ». « Chaque histoire est personnelle et il faut se garder d’en tirer des conclusions générales. Cependant, un tel événement n’est pas sans interroger notre Église dans l’Yonne, le ministère de prêtre, la formation », reprend-il, avant d’avoir une pensée pour Matthieu Jasseron, ses proches et la paroisse Saint-Jean-Baptiste de Joigny au service de laquelle il était jusqu’en juin dernier.