Certains voudraient en faire l’aboutissement de la religion chrétienne ou du moins l’expression d’une authentique foi qui a mis fin aux erreurs des traditions successives qui auraient défiguré le christianisme originel. C’est le cas de certains de mes collègues qui en arrivent à me dire que je ne devrais même pas être dans l’Église, tant ma distance avec l’orthodoxie doctrinale est grande. La Réforme devient alors l’autorité qui est dans le vrai. Une sorte de « catholicisme à rebours » où l’autorité d’un homme ou d’un concile s’est muée en l’autorité des principes définis par des hommes du XVIe siècle.
Oser toucher ne serait-ce qu’à un seul Sola, et vous voilà exclu de la famille des disciples de Jésus. Vous n’êtes plus un frère ou une sœur si vous ne lisez pas la Bible avec les lunettes de nos grands Réformateurs.
Il n’est, bien sûr, pas question, de nier les traits de génie ou l’extraordinaire audace ou courage de ces hommes qui, au péril de leur vie, se sont levés contre les forces de l’immobilisme religieux et de l’autoritarisme obscurantiste.
Mais est-ce être encore fidèle à l’esprit de ce mouvement que de faire de ces théologiens des Saints hommes qui auraient su replacer la bonne autorité à la bonne place en espérant que cette fois-ci elle ne bouge plus ?